Le retour des cloches à la cathédrale Saint-Guy
Trois nouvelles cloches ont été suspendues dans le clocher de la cathédrale Saint-Guy qui domine la capitale tchèque. Les Pragois ont eu la première occasion d’entendre leur son le samedi 12 mai à l’occasion du 450e anniversaire du renouvellement formel de l’archevêché de Prague.
La plus grande des trois cloches, Dominique, pèse une tonne. Les frais des travaux ont atteint 1,6 million de couronnes (plus de 60 000 euros) et le projet n’a été rendu possible que grâce à plusieurs donateurs. La cathédrale Saint-Guy possède donc finalement complété sa collection des cloches. Elle en a maintenant sept, nombre qui symbolise les quatre éléments de la nature et la Sainte Trinité. C’est le cardinal et primat de l’Eglise catholique tchèque Dominik Duka qui a béni les trois cloches après leur arrivée à Prague. Il a rappelé que les cloches avaient souvent fait les frais des conflits dans la société :
« Il y a toujours eu des crises, il y a toujours eu des litiges et les cloches étaient oubliées. Les cloches sont pourtant un symbole religieux et culturel qui fait partie de la civilisation européenne. »Et Dominik Duka d’ajouter que l’arrivée de nouvelles cloches est une bénédiction pour la cathédrale Saint-Guy et que le nombre complet des cloches de sa tour peut être interprété comme un bon signe pour l’avenir. L’historien Jaroslav Šebek se félicite, lui aussi, que le nombre des cloches soit finalement complet :
« Les trois cloches ont été réquisitionnées par l’armée allemande au cours de la Deuxième Guerre mondiale et nous pouvons dire que c’est une réparation des dommages que la cathédrale a subis à cette époque-là. Les cloches ont d’ailleurs été réquisitionnées aussi dans un grand nombre d’autres églises au cours de la Deuxième, mais aussi de la Première Guerre Mondiale. Je dirais que la bénédiction des cloches est un signe important et le renouvellement d’une tradition parce que le son des cloches qui annoncent des événements heureux ou malheureux crée une certaine communauté entre les gens. »
Jaroslav Šebek considère les cloches comme une des parties extérieures les plus importantes de la liturgie chrétienne. Il rappelle qu’au Moyen-âge elles mesuraient le temps et qu’elles restent aujourd’hui le symbole de la cohésion et de la solidarité humaine.27 sonneurs dont sept femmes s’occupent des cloches de la cathédrale Saint- Guy. Ils perçoivent la cloche non seulement comme un symbole religieux mais comme un instrument de musique bien spécifique. Leur chef Tomáš Stařecký apprécie les qualités sonores des trois nouvelles œuvres de Leticie Vránová-Dytrychová mais il souligne que le travail de l’harmonisation des sons des sept cloches de la cathédrale n’en est qu’à son début :
« Le son des cloches est beau et plein. Nous pourrons le juger mieux après avoir écouté les cloches en bas, en-dehors de la cathédrale. C’est bien différent d’entendre le son dans le clocher, sous le clocher ou à une distance d’un kilomètre. Nous devons donc prendre en considération tous ces aspects. J’ai déjà dit que nous aurons besoin d’environ six mois pour essayer toutes les variantes du son optimal et que nous ne connaîtrons la meilleure qu’avant l’automne. »Et Tomáš Stařecký ajoute que les cloches et les sonneurs ont survécu aux guerres et aux explosions de la haine et espère qu’elles sonneront du haut de la cathédrale encore au début du prochain millénaire.