Le rêve américain de « l’outsider » Miloš Forman
« Un globe-trotter fumant le cigare et qui a, dans sa ferme du Connecticut, deux précieuses statuettes dorées », telle est, écrit la presse tchèque, l’image qui nous vient à l’esprit quand nous entendons le nom de Miloš Forman. « Au feu, les pompiers ! », « Vol au-dessus d’un nid de coucou », « Amadeus », « Valmont »... le monde entier connaît les films de celui que l’on pourrait, à juste titre et même si lui-même déteste le pathos, désigner comme l’un des plus grands Tchèques du XXe siècle. Samedi 18 février, le cinéaste Miloš Forman, installé depuis 1968 aux Etats-Unis, fête ses 80 ans. L’occasion de revenir sur sa carrière...
Comment expliquer le succès international des films de Miloš Forman ? Voici la réponse du critique de cinéma Michal Procházka :
« Tout d’abord, Miloš Forman est quelqu’un qui aime filmer, raconter des histoires et aussi s’imposer, conquérir le public, conquérir l’Amérique. C’est son rêve qui l’a poussé à émigrer et à se construire cette carrière extraordinaire outre-Atlantique. Aussi, il a su s’adapter aux conditions de production différentes de celles qui existaient dans l’ancienne Tchécoslovaquie. Il a su endosser le rôle d’un grand réalisateur américain, avec toute sa brillance et toute son intelligence. C’est peut-être aussi la raison pour laquelle il est devenu le réalisateur le plus célèbre de la génération de la nouvelle vague du cinéma tchécoslovaque des années 1960. »
Orphelin, après la mort de ses parents en camps de concentration, Miloš Forman ne cache pas n’avoir jamais surmonté ce traumatisme d’enfance. « Outsider lui-même, il faisait des outsiders les héros de ses films », écrit Veronika Bednářová, journaliste qui connaît personnellement le réalisateur. Parmi ces « exclus », on trouve aussi bien McMurphy, qui se fait passer pour un fou pour échapper à la prison, que Mozart, un génie au milieu de la médiocrité…Son 80e anniversaire, Miloš Forman a choisi de le célébrer dans l’intimité, dans sa demeure du Connecticut, avec son épouse tchèque Martina et ses fils Andy et Jim. Sa dernière visite à Prague date du printemps 2011.
A noter encore que les Centres tchèques dans le monde célèbrent également le 80e anniversaire de Miloš Forman : à New York, le mois de février est consacré au plus connu des réalisateurs tchèques, à Bruxelles, une rétrospective est prévue du 7 au 15 juin prochain.