Le secret des pyramides égyptiennes levé il y a 30 ans, à Saint-Quentin

Histoire, architecture, les mystères des civilisations anciennes... tout cela est à l'affiche aujourd'hui, car je reçois le célèbre scientifique français, Joseph Davidovits, spécialiste en chimie et en ciments antiques. Sur nos ondes, vous l'avez déjà entendu parler de sa grande invention - les géopolymères, autrement dit des pierres artificielles. Cette fois-ci, nous Joseph Davidovits vous expliquera sa théorie de la construction des pyramides égyptiennes, à l'aide, justement, de pierres artificielles.

Joseph Davidovits
Joseph Davidovits, inventeur de la chimie des géopolymères, à participé, à Prague, à un séminaire organisé par l'Observatoire national du bruit - institution qui avance l'idée d'utiliser les géopolymères dans la construction des murs anti-bruit en République tchèque. Le scientifique a également visité le château de Kuks, en Bohême orientale, où pourraient être restaurées, grâce aux géopolymères, les célèbres statues baroques de Matyas Bernard Braun, situées aux alentours de ce château. Qu'est-ce donc que ces géopolymères ou les polymères minéraux ou, tout simplement, les pierres artificielles ? Joseph Davidovits.

« Les géopolymères sont basés sur l'aluminium et le silicium. Puisqu'ils sont minéraux, ils ne brûlent pas. C'est comme ça que j'ai démarré, pour essayer de créer une nouvelle technologie de matériaux dits plastiques qui soient stables au feu, pour l'industrie du bâtiment. Lorsqu'un plastique brûle, il dégage énormément de fumées toxiques qui sont très dangereuses. Ceci est un drame, mais on peut le faire autrement, avec ce type de technologie et ça était mon but, c'est comme ça que j'ai commencé, il y a trente ans. »

Quelles sont les autres qualités des géopolymères ?

« Puisque ce sont des pierres que nous reconstituons, nous pouvons stabiliser à l'intérieur toute sorte de métaux lourds, des radionucléides, des éléments comme l'uranium... Et nous pouvons prévoir leur durée de vie. Nous avons la réponse à la question qui est demandée toujours par les écologistes et autres lorsqu'on est devant ce type de solution : Etes-vous sûrs que ça va tenir pendant... milliers d'années ? Nous ne sommes pas sûrs, on n'est jamais sûr... Mais nous savons que ce que nous faisons a des équivalents géologiques, dont nous connaissons l'évolution dans des différents environnements. Donc si on utilise ce système pour consolider ces matériaux toxiques et si l'ensemble est bien fait, on peut avoir une durée de vie de l'ordre de 10 000 ou 100 000 ans. En plus, on s'aperçoit qu'on a des équivalents archéologiques, que cette technologie était à la base de nos anciennes civilisations. Les géopolymères, c'est en fait l'équivalent de la vieille alchimie... Vous savez, ces vieux alchimistes qui recherchaient la pierre philosophale... Nous l'avons trouvé. On ne fait pas d'or avec, on fait des choses qui nous sont utiles au XXIe siècle, mais pour cela, parfois, on repart 4 000 ans en arrière, parce qu'on utilise des renseignements, des technologies et des matériaux que nous avons découvert avoir été utilisés à ce moment-là. »

De la vieille alchimie, il n'y a qu'un pas vers les pyramides égyptiennes. Je vous disais que Joseph Davidovits a formulé sa propre théorie sur leur construction, à partir des pierres artificielles, moulées sur place. On l'écoute.

« En laboratoire, nous faisons les pierres. A un moment, il y a trente ans, en plaisantant avec mes amis scientifiques, je leur ai demandé : Dites, la pierre qu'on vient de faire, qui est une sorte de grès, si je la mets dans mon jardin, à Saint-Quentin, au nord de la France, et quelqu'un la trouve dans 3 000 ans, il va dire : Tiens, c'est de la pierre, c'est une sorte de grès, mais je veux être sûr, je vais la présenter à mon ami géologue. Il va regarder avec sa loupe et dira : Ah, je connais ! Cela pourrait provenir des carrières d'Egypte. Comment est-ce qu'ils ont fait pour transporter cette pierre d'Egypte à Saint-Quentin ? Est-ce qu'il y a eu des relations commerciales ? Voilà les questions que se posent les archéologues. Mais avec les monuments, on a toujours un problème. On pense qu'il a fallu transporter ces énormes pierres 5, 10 ou 20 kilomètres, mais on se sait pas comment. Si c'est naturel, bien sûr qu'il a fallu faire cela, mais si c'est ce que nous faisons, il n'y a plus de problème ! On transporte ce qu'il faut dans des paniers et on fait de la pierre sur place ! Le géologue n'y verra rien, il croira que c'est de la pierre naturelle, on trouvera tous les ingrédients de la carrière. Homo Sapiens, quand il a un problème à résoudre, il raisonne toujours d'une façon intelligente. Tandis que là, on se retrouve toujours devant un raisonnement qui implique que ces gens-là n'étaient pas intelligents. »

Auteur: Magdalena Segertová
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