Le smog continue d’inquiéter la Tchéquie

Prague, photo: ČTK

La qualité de l’air s’est de nouveau dégradée en République tchèque. Si les stations de ski proposent actuellement des conditions climatiques optimales, régions et grandes villes étouffent, elles, sous l’effet de la pollution. L’alerte a été lancée dans huit des quatorze régions du pays. Le dispositif limitant les activités industrielles a été mis en place dans trois d’entre elles, tandis que la municipalité de Prague envisage d’instaurer la gratuité des transports.

L'usine d’incinération des déchets ménagers située dans le quartier de Malešice,  photo: Štěpánka Budková
Lundi matin, l’alerte à la pollution a été levée dans la région de Zlín et en partie en Moravie-Silésie. Néanmoins, huit régions restent concernées par cette mesure et le dispositif limitant les activités industrielles, mis en place il y a quelques jours, a été maintenu à Prague, en Bohême centrale et dans la région d’Olomouc, où la situation est la plus alarmante. A Prague, cinq entreprises sont plus particulièrement visées. Il s’agit par exemple de la cimenterie de Radotín, de la fonderie Agma dans le 9e arrondissement ou encore de l’usine d’incinération des déchets ménagers située dans le quartier de Malešice.

Les météorologues conseillent également aux automobilistes de limiter leurs déplacements. Certaines municipalités ont mis en place d’autres mesures pour lutter contre la pollution, comme à Přerov, dans la région d’Olomouc, où la ville a instauré la gratuité des transports en commun le temps que la situation s’améliore. A Prague, les conseillers municipaux envisagent la même chose et se décideront ce mardi, mais la circulation alternée n’est pas prévue dans la capitale. Toutefois, ce sont les régions situées dans l’ouest de la République tchèque qui sont les plus touchées par la pollution, contrairement aux régions de l’est, qui sont habituellement les plus atteintes par le smog. Robert Skeřil, de l’Institut hydrométéorologique tchèque, explique cette situation :

Prague,  photo: ČTK
« Tout dépend des prévisions météorologiques actuelles et de l’intensité de la couche d’inversion. Si on regarde les résultats de l’index de ventilation qui quantifie les conditions de dispersion, on voit que la situation en Moravie-Silésie s’est déjà améliorée par rapport à celle de la région d’Olomouc, où les particules ne se sont pas encore suffisamment dispersées. Grâce au vent qui a soufflé en provenance de l’est, l’air dans le sud de la Moravie s’est épuré en premier, puis cela a été au tour de la région de Zlín. La partie ouest du pays ne bénéficie pas de ces conditions de dispersion et la couche d’inversion se maintient. Pour l’instant, on ne s’attend pas à une baisse du taux de particules fines dans ces zones. »

Selon Bohumil Kotlík, du département d’hygiène et d’assainissement de l’Institut national de la santé, les mesures prises pour lutter contre la pollution ont toutefois un impact relatif :

« La concentration de particules fines dans l’air ne diminuera vraiment que lorsque l’air se renouvellera complètement grâce au vent. Les dispositifs pris pour lutter contre la pollution ont un sens, comme par exemple la gratuité des transports en commun. Néanmoins, restreindre l’accès au centre-ville aux voitures s’est déjà avéré être contreproductif par le passé, car les particules nocives se déplacent alors vers la périphérie des villes. Tout dépend donc de la situation météorologique du moment. »

Ostrava,  photo: ČTK
L’alerte à la pollution a été lancée par l’Institut hydrométéorologique tchèque jeudi, lorsque le taux de particules fines dans l’air a dépassé la valeur seuil de 100 microgrammes par mètre cube durant plus de douze heures. Samedi dernier, un taux de 194 microgrammes par mètre cube a été mesuré dans la ville de Rychvald en Moravie-Silésie. Près de 90 stations hydrométéorologiques contrôlent continuellement la situation dans tout le pays. Jan Macoun, adjoint du département pour la protection de la qualité de l’air à l’Institut hydrométéorologique, explique comment les stations récoltent ces informations :

« Des sondes de prélèvements situées sur le toit de la station aspirent l’air : les particules de poussière passent à travers un filtre. Puis au fur et à mesure, nous dressons les concentrations de particules une fois par heure. »

Les météorologues utilisent également un ballon-sonde qui mesure les conditions dans les couches supérieures de l’atmosphère, soit à plus de 35 kilomètres au-dessus du sol, et fournit des informations sur la couche d’inversion et l’évolution verticale de la température. La cellule de crise de la municipalité de Prague, qui s’est réunie ce lundi pour discuter de l’adoption d’autres dispositifs pour lutter contre la pollution, révèlera les nouvelles mesures à prendre ce mardi. Les météorologues ne prévoient toutefois pas d’amélioration de la situation avant la fin de cette semaine.