Le Sparta veut faire renaître Strahov de ses cendres
Le club de football du Sparta Prague s'apprête à investir dans un projet à la mesure de son aura et se sa grandeur: la transformation du plus grand stade du monde, situé à Strahov sur les hauteurs de Prague, en un centre d'entraînement, commercial et d'habitation.
Inoubliables restent les images des spartakiades, ces immenses manifestations sportives à la gloire du régime socialiste qui nous semblent aujourd'hui, certes, venues d'un autre monde, mais dont l'évocation fait toujours sourire. Gravées dans la mémoire collective sont les mines radieuses de toutes les jolies demoiselles tchécoslovaques en justaucorps sautillant et sautant au beau milieu d'une foule de plus de 200 000 personnes. Car telle est la capacité du stade de Strahov, esplanade à l'immensité unique au monde dont l'usage était essentiellement destiné aux spartakiades. Aucun match de football ne s'y est par exemple jamais déroulé, sa configuration ne répondant aucunement à de tels critères.
Aujourd'hui, complètement déserté et tombant en ruines, bien que quelques concerts y soient en de rares occasions organisés, les fonctionnaires du Sparta voudraient donc en faire un centre d'entraînement moderne, instrument indispensable au bon fonctionnement d'un club de football d'envergure européenne.
En lieu et place des tribunes devraient s'élever un hôtel, une pension d'une capacité de 400 chambres et une ligne de magasins. Les aires de jeu et les terrains de football se situeraient eux à l'emplacement de l'actuelle esplanade Pour cela, le Sparta a déjà loué pour trente ans l'esplanade, elle voudrait maintenant acheter les gradins et pourtours du stade. Le verdict sur ce projet, dont les plans sont, pour l'instant, entre les mains de la municipalité de la ville de Prague, dépend, cependant encore, de la décision des inspecteurs des monuments historiques. Car même si de prime abord le stade ne semble être qu'un immense vaisseau de béton, construction typiquement communiste, il s'agit en fait d'un joyau architectural de style monumental ayant été construit pendant la première République. Mais l'architecte affirme avoir tenu compte de ses données et entend bien sauvegarder le cachet de Strahov.
Ne reste plus qu'un petit hic, le financement du projet dont le montant tournerait autour du milliard de couronnes. Car si le Sparta, grâce à la vente, il y deux ans, pour une somme record de son joueur Tomas Rosicky aux Allemands de Dortmund et une participation cette année plus qu'honorable à la Ligue européenne des champions, possède des fonds propres de l'ordre de 700 millions de couronnes, il lui faut cependant encore effectuer un emprunt. Or, les banques tchèques ne font pas vraiment une confiance aveugle aux dirigeants du sport tchèque... ce qui n'a nullement l'air d'inquiéter le président du Sparta. Espérons donc qu'il ait de bonnes raisons.