Le tribunal de Prague a suspendu les poursuites de deux ex-agents de la StB accusés de meurtre
Deux anciens officiers de la police politique, la StB, accusés du meurtre de l'épouse du préfet du Bas-Rhin en 1957, ne seront pas poursuivis en justice en raison de leur état de santé.
Milan Michel et Stanislav Tomes ne seront pas condamnés pour l'organisation d'un attentat à la bombe contre le préfet du Bas-Rhin de l'époque, André-Marie Trémeaud, qui a coûté la vie à son épouse. Le tribunal municipal de Prague a suspendu les poursuites sur la base d'une expertise médicale judiciaire constatant que tous deux ne sont pas capables de participer au procès pour des raisons de santé.
Tout a commencé le 13 mai 1957. Un engin explosif dissimulé dans une boîte à cigares a été adressé au préfet du Bas-Rhin, André Trémeaud. Il ne visait toutefois pas le préfet lui-même, mais les personnalités politiques présentes le 14 mai 1957 à Strasbourg. Ce soir même, un dîner a été offert à la préfecture de Strasbourg, à l'occasion de l'ouverture d'une session de la Communauté européenne du charbon et de l'acier, coeur de la nouvelle Europe. Le but de l'attentat était de saboter la construction européenne, le marché commun et le rapprochement franco-allemand. Le plan du KGB soviétique qui a commandité l'attentat à la STB a cependant échoué: le préfet n'a pas ouvert le colis piégé ce soir-là. C'est son épouse Henriette Trémeaud, qui l'ouvre, trois jours après. Elle succombe à l'explosion d'une extrême violence.
L'action devait passer pour une revanche du mouvement néonazi « Groupe de combat pour une Allemande indépendante » qui exigeait le rattachement de l'Alsace à l'Allemagne. Cette intrigue a été décelée par les autorités françaises. La piste a conduit en Tchécoslovaquie. Mais il était impossible de franchir la barrière représentée par le rideau de fer. Faute de preuve, la procédure n'a pas abouti.
L'affaire a rebondi après la chute du mur de Berlin, grâce au travail de l'Office tchèque de documentation et d'enquête sur les crimes du communisme UDV et l'un de ses documentalistes Pavel Gregor. Celui-ci, en collaboration avec les autorités françaises parvient à recomposer le puzzle. Après plus de 40 ans d'interrogations, le procès a été ouvert, en 2001. Deux anciens officiers de la StB, Milan Michel et Stanislav Tomes, ont été accusés de meurtre de l'épouse du préfet du Bas-Rhin. Les deux autres agents liés au meurtre sont déjà décédés. Vendredi dernier, le tribunal a arrêté le procès en raison de leur état de santé. Le procureur de Prague Martin Omelka a déjà fait appel. Il dépendra du tribunal suprême de décider si le procès doit continuer.