L’Effet de Serge, théâtre minimaliste de Philippe Quesne à Plzeň
La 22e édition du festival international « Divadlo » (« Théâtre ») s’est achevée ce dimanche à Plzeň en Bohême de l’Ouest. Parmi les quarante spectacles tchèques et étrangers, le festival a également proposé le théâtre minimaliste du réalisateur et scénographe français Philippe Quesne. Au micro de Radio Prague, Gaëtan Vourc’h, l’acteur quasi-solo de la pièce ‘L’Effet de Serge’.
« Philippe Quesne a eu une formation de scénographe, donc il a fait beaucoup de scénographies de spectacles et c’est à cette occasion qu’on s’est rencontré. C’était en 2001 ou 2002 et le spectacle s’appelait Madame Ka. Quand il a commencé à faire des spectacles, il m’a proposé de le travailler avec lui. Notre premier spectacle en 2003, s’appelait ‘La Démangeaison des ailes’. Après que ce spectacle ait tourné en France et à l’étranger, on s’est dit que l’on pourrait en refaire un autre, c’étaient ‘Des expériences’, et puis encore un autre, c’était ‘D’après nature’. »
‘L’Effet de Serge’, qui date de 2007 mais continue à être joué dans les festivals, démarre justement sur un rappel de ce spectacle précédent.
« Dans ‘l’Effet de Serge’ on commence le spectacle en disant qu’on a l’habitude de justement commencer par la fin du spectacle précédent et c’est pour cela que je commence le spectacle en cosmonaute parce qu’à la fin dans ‘D’après nature’ on était tous en cosmonaute pour aller réparer le trou de la couche d’ozone. Donc, là je me mets en cosmonaute pour présenter le spectacle ‘l’Effet de Serge’. A l’inverse, à la fin de l’Effet de Serge on s’est dit qu’on n’a qu’à imaginer un futur début d’un futur spectacle. Donc on a fait la séquence avec des hommes invisibles en se disant que le prochain spectacle va s’appeler ‘La Mélancolie des Dragons’, on va le faire dans six mois et au début il y aura cette séquence-là et c’est ce que l’on a fait. »
L’Effet de Serge est une pièce réalisé dans un style théâtral minimaliste. Elle se déroule toujours dans le même endroit, le même salon, le passage du temps est montré par une légère modification de la tenue de l’acteur. Le spectacle est constitué des scènes de vie d’un Serge dont on ne connaît pas l’âge, le travail ou la situation familiale, mais on se doute qu’il vit seul. Le spectacle est une succession de quatre dimanche soir, les jours quand Serge invite ses amis pour leur montrer des effets spéciaux qu’il a lui-même bricolé, par exemple un jeu lumineux de phares d’une voiture sur la musique de Wagner.Malgré le fait que le public sait si peu sur Serge, il devient quand même très proche, l’effet surtout de son imaginaire et de l’informel qui prévaut sur scène, an absence de costumes et en se servant des objets ordinaires. L’informel est encore accentué par l’appel aux acteurs locaux qui jouent les amis. Comme l’admet Gaëtan Vourc’h, montrer les effets spéciaux aux chaises vides s’est avéré trop triste lors des répétitions. Avec l’arrivée des acteurs sur scène, la pièce gagne une touche de spontanéité car ils sont libres de faire les commentaires qu’ils souhaitent par rapport aux effets spéciaux auxquels ils viennent d’assister. Le caractère informel parsemé d’un humour poétique marque également l’avant dernière scène, quand tous les amis se rassemblent pour le dernier spectacle. A la suite de cela, tout le monde se met à boire et à manger de la pizza, de dos au public la plupart du temps. L’effet en est que l’on se sent aussi présents au salon de Serge.
Gaëtan Vourc’h explique que le spectacle a été entièrement inventé lors des répétitions. Le titre était clair dès le départ et la démarche était la suivante :
« Le début de répétition c’était vraiment qu’on compte une minute, j’entre sur scène, je suis sur scène et à la fin d’une minute je sors. On s’est dit qu’on va essayer de faire un spectacle de 100 séquences d’une minute. J’aimais bien ce travail, parce que qu’est-ce qu’on peut faire en une minute ? A la fois plein de choses et pas grande chose. La présence peut suffire. Dans ce spectacle-là, tout est important. A la fois la musique, la lumière, les déplacements, les gestes, les objets, les intentions, les situations… Tout a autant de valeur, tout est aussi intéressant à voir. »Ce théâtre minimaliste et intime a pu avoir d’autant plus d’effet sur le public à Plzeň, qu’il a été joué partiellement en tchèque ; car Gaëtan Vourc’h apprend généralement quelques mots dans la langue de chaque pays où se produit.