L’émigration des Roms tchèques vers le Canada continue

Anna Poláková, photo: Jana Šustová

L’émigration des membres de la minorité rom de République tchèque vers le Canada reste un sujet d’actualité et de préoccupation, tant pour les autorités tchèques que canadiennes. Mercredi, on a appris qu’une figure importante de la communauté rom avait demandé l’asile au Canada.

Anna Poláková avec ses deux filles et une petite-fille,  photo: Jana Šustová
Anna Poláková est la directrice de la rédaction rom de la radio publique tchèque, une rédaction qui produit une émission diffusée une fois par semaine sur Radiožurnál, la première station de la radio. Elle est partie pour le Canada à la fin du mois de mai avec sa famille et a demandé l’asile aux autorités canadiennes.

Sept personnes en tout : son mari, trois enfants, un gendre et une petite-fille sont avec elle à Toronto, où ils ont déposé leur demande d’asile à leur arrivée à l’aéroport. Dans un courriel envoyé à la rédaction en chef de la radio, Anna Poláková a expliqué que son départ était lié aux attaques répétées contre sa famille et à la radicalisation de la société tchèque.

Marek Polák,  photo: Jana Šustová
Son fils Marek, étudiant en dernière année à l’université anglo-américaine de Prague, avait été tabassé en 2002 par des skin-heads, condamnés par la justice :

« A vrai dire, je me suis senti comme si c’était moi le coupable. D’après le procureur, j’en ai fait trop et n’étais pas crédible. En plus ce qui m’a vraiment choqué, c’est que ces gens ne se sentaient pas coupables. Ils étaient fiers de s’être fait un Rom... »

Hana Hikelová est la rédactrice en chef de la radio :

« En fait les problèmes de la famille ont empiré après cette affaire. Les quatre skin-heads ont été condamnés à payer 100 000 couronnes de dommages-intérêt. Deux d’entre eux ont payé leur part, les deux autres non. Et ceux qui ont payé ont essayé de récupérer leur argent en menaçant la famille. Donc cette affaire a été la cause des problèmes de la famille. »

Le départ de la famille d’Anna Poláková a été repris par tous les quotidiens tchèques jeudi. Dans un communiqué, la radio publique a condamné « l’augmentation du nombre d’attaques racistes et la radicalisation de la société ». Le Canada a levé l’obligation de visa pour les citoyens tchèques en 2007.

Entre janvier et mars 2009, pas moins de 653 demandes d’asile ont été déposées par des Tchèques. Dimanche, la télévision canadienne a diffusé des images de Roms tchèques qui campaient dans l’aéroport de Toronto en attendant d’être interrogés par la police canadienne de l’immigration.

Le Canada a déjà accordé l’asile à plusieurs Roms tchèques, mais pourrait bien réinstaurer l’obligation de visa si le nombre de demandes continue d’augmenter.