« L’énergie est un domaine dans lequel le manque de transparence est un problème »

Cristina Muntean

Troisième épisode de notre série consacrée aux francophones installés dans la capitale tchèque. Aujourd’hui avec Cristina Muntean, journaliste roumaine et chef de la rubrique reportages de l’hebdomadaire Czech Business Weekly (CBW) :

« Je viens de Deva, une petite ville très belle de Transylvanie. C’est à 1000km de Prague, ça prend un peu de temps pour rentrer : 12 heures en voiture parce qu’il n’y a pas d’autoroute jusqu’à Deva – et 18 heures en train... »

Depuis quand es-tu installée à Prague ?

« Depuis presque cinq ans. Je suis journaliste et travaille pour le magazine CBW où je suis spécialisée dans l’énergie et les marchés financiers. »

On m’a souvent dit que travailler ici dans le journalisme spécialisé dans le business et particulièrement dans le secteur énergétique était difficile parce que les affaires sont parfois obscures. As-tu déjà eu des problèmes dans l’exercice de ton travail ?

« Oui, j’ai d’ailleurs décidé d’apprendre le russe... Il y a beaucoup de conférences et de sources en russe et c’est difficile. Plus sérieusement, je trouve que l’énergie est un domaine dans lequel la politique et le manque de transparence est un problème. »

As-tu déjà été menacée ?

« Non, pas encore. Je crois que je suis trop ‘petite’ pour les mettre en danger, je ne suis pas arrivée assez proche de sujets qui sont vraiment importants pour les groupes énergétiques et qui pourraient les mettre en danger, pas encore... »

Pour expliquer aux auditeurs, si tu parles de la langue russe, c’est parce que beaucoup d’investisseurs, aujourd’hui et dans le passé, viennent de Russie et de pays de l’ex-URSS ?

« Oui mais pas seulement : les entreprises tchèques s’orientent aussi vers les pays de l’Est. Par exemple ČEZ, le groupe énergétique tchèque, a tendance à investir en Roumanie, Albanie, Turquie et évidemment à l’avenir en Ukraine et en Russie. Si ces marchés deviennent plus stables, ils sont potentiellement intéressants pour ČEZ. »

La communauté roumaine est-elle importante à Prague ? Y a-t-il des endroits où les Roumains se retrouvent ?

« La communauté roumaine ici est beaucoup moins importante qu’en Italie ou en Espagne par exemple, où les langues sont beaucoup plus proches du roumain. A Prague il y a environ 1000 ou 1500 Roumains, souvent employés dans la gestion d’entreprises informatiques, de développement de logiciels, etc. Ce sont des gens qui parlent plus souvent l’anglais que le tchèque dans leur travail. La communauté existe, on se rencontre assez souvent. Récemment on a même fondé une église orthodoxe roumaine avec des messes en roumain, à Prague 5. »

Est ce que les membres de cette communauté roumaine ont des contacts avec les Tchèques dont les ancêtres s’étaient installés en Roumanie au XIXe siècle et qui sont rentrés en République tchèque depuis la chute du communisme ?

« En fait, l’ambassade roumaine et l’Institut culturel roumain font beaucoup de travail pour rapprocher les communautés. Les événements organisés par l’Institut sont des points de rencontres entre la communauté roumaine de Prague et la communauté tchèque de Roumanie. »

Est-ce qu’on sait combien il y a de Roumains dans toute la République tchèque ?

« Je sais qu’en 2005 il y avait approximativement 5000 Roumains titulaires d’un permis de séjour. Evidemment les chiffres ont pu évoluer depuis l’adhésion de la Roumanie à l’UE. »

Dans cette série consacrée aux francophones installés à Prague il y a une question obligatoire : quels sont tes endroits préférés pour te balader, prendre un verre, et manger ?

« Pour me balader, il y a deux endroits : le premier à côté du Pont Charles près des clubs Lávka et Karlovy Lázně, d’où la vue sur le château est merveilleuse. Le deuxième endroit est Vyšehrad, parce que je me rappelle toujours la première fois que je suis arrivée à Prague en bus : j’ai vu Vyšehrad au lever du soleil et j’ai senti que j’avais trouvé ma place, c’est pour ça que j’ai décidé de m’installer ici. »

« Pour boire un verre : il y a beaucoup d’endroits. J’aime le vin, ce qui est une caractéristique roumaine et pas seulement française... Mais c’est assez difficile de ne citer qu’un seul endroit. Peut-être un local où j’adore manger et boire – pas du vin mais de la bière – s’appelle Baráčnická Rychta, à côté de l’ambassade américaine. Je trouve que la cuisine tchèque y est particulièrement savoureuse, le service est très bien, l’atmosphère aussi, et la bière noire qui y est servie est l’une des meilleures que j’ai pu boire... Et il y a parfois de très bons concerts, c’est la cerise sur le gâteau. »