Les acteurs de doublage réclament de meilleures conditions de travail
Comme en France, la tradition du doublage des films et séries à la télévision est bien ancrée en République tchèque. Seulement, les acteurs dont c’est la spécialité se plaignent de leurs conditions de travail. Et 157 d’entre eux ont donc décidé de confier le soin à une agence de travail temporaire de défendre leurs droits face aux pratiques des studios de cinéma afin, notamment, de leur assurer de meilleurs salaires.
Les acteurs de doublage sont en effet payés à l’heure, et non pas à la longueur du texte qu’ils doivent déclamer, ainsi qu’ils le réclament. Les studios ont donc intérêt à les garder le moins longtemps possible dans leurs pattes, ce qui a un effet sur la qualité de leur travail. Aussi, 157 professionnels, sur les 222 réunis par l’Association des acteurs, ont pris la décision de se faire représenter par l’agence ManPowerGroup, en négociations avec les producteurs de doublage depuis le début de l’année.
La plupart des producteurs ne sont évidemment pas très contents de la perspective de disposer d’une main d’œuvre moins corvéable et ont fait savoir que cela n’entraîneraient que des complications et la possible mise à l’écart de ces acteurs. Ce n’est pas le cas cependant de tous les studios, qui pour certains respectent déjà des normes de travail plus élevées. Et pour le réalisateur Jiří Balcárek, l’initiative des acteurs de doublage n’est de toute façon pas forcément pertinente :
« Je pense que des conditions de travail précises ont déjà été fixées il y a quelques années. Il me semble qu’il s’agit d’une forme de pression qui ne résout pas vraiment les choses. Il faudrait plutôt prendre le problème à la racine au niveau des personnes qui fournissent ce travail et cela devrait se résoudre avec des droits d’auteur. »
Mais depuis l’automne dernier, c’est la raison d’être même du doublage qui est débattu en République tchèque, où le niveau en anglais ne serait pas glorieux selon le journal Mladá fronta Dnes. Outre le fait qu’il donne à voir une œuvre en partie tronquée, le doublage serait un frein à l’apprentissage des langues étrangères. Ce sont des étudiants et des lycéens qui ont alors surgi sur la scène publique pour réclamer que la Télévision tchèque propose plus de programmes sous-titrés. Jan Papajanovský, lycéen dans un établissement de la ville de Děčín, expliquait :
« L’intérêt des versions sous-titrées est d’être en contact quotidien avec des langues étrangères. Cela permet, quand on se retrouve dans une situation où il faut parler dans une langue étrangère ou l’écouter, de disposer d’une meilleure confiance en soi, d’un meilleur accent et ainsi de suite… »A l’exception de la nouvelle chaîne de la télévision publique ČT Art, il est rare de pouvoir regarder des programmes sous-titrés sur le petit écran. Mais pour Zdeněk Hruška, de l’Association des acteurs, un grand nombre de personnes ont toujours besoin du doublage, qui ne serait selon lui pas près de disparaître. La mobilisation des professionnels du secteur l’illustre bien.