Les Allemands de Silésie
Des milliers de personnes dans la région de Hlucin en Silésie cherchent à acquérir la nationalité allemande. Vaclav Richter.
Tout d'abord une notice historique. La région de Hlucin située dans le nord-est de la République tchèque faisait partie, au 18ème siècle, de la principauté d'Opava. L'impératrice autrichienne Marie-Thérèse a perdu cependant cette région avec le reste de la Silésie. Elle n'a été rattachée à la Tchécoslovaquie qu'en 1919 conformément au Traité de Versailles. La population de cette région était donc en grande partie de nationalité allemande. En 1950, cependant, les autorités communistes ont obligé les habitants de cette partie de la Silésie à devenir Tchécoslovaques.
Aujourd'hui, ils se souviennent néanmoins de leurs origines d'autant plus volontiers que cela devient économiquement avantageux. Ils sont des milliers à demander le passeport allemand pour pouvoir aller travailler en Allemagne mais aussi dans d'autres pays de l'Union européenne. S'ils réussissent à réunir les documents nécessaires sur leurs origines, l'Allemagne ne tarde pas à leur restituer la nationalité allemande. Selon l'interprète assermentée, Helena Slavickova, rien qu'au cours de l'année dernière l'ambassade d'Allemagne à Prague a enregistré quelque 2000 demandes de restitution de la nationalité allemande.
Les jeunes de la région vivent donc dans une espèce d'incertitude ethnique. Ils ne savent pas s'ils sont Tchèques ou Allemands, ils se montrent critiques à l'égard des Tchèques, mais ils reprochent aux Allemands leur arrogance. Pourtant deux siècles de germanisation leur ont fait assimiler beaucoup d'éléments de la culture allemande. Ils aiment l'ordre, ils sont bons travailleurs et répugnent à gaspiller leur argent. Leur région était d'ailleurs toujours plus riche et socialement plus stable que les territoires environnants.
Aujourd'hui donc, les jeunes de la région peuvent aller travailler en Allemagne ou par exemple en Hollande. Ils gagnent 10 à 15 deutsche Marks à l'heure, parfois 20, mais ils se rendent compte qu'ils ne seront jamais aussi bien payés que les Allemands autochtones. Ils ont un handicap de taille. Ce n'est que la vieille génération qui parle allemand. Les jeunes désirant travailler dans les pays germanophones ne disposent souvent que du patois local qui est un mélange de mots polonais, allemands et moraves et qui ne leur permet pas toujours de se faire entendre.