Les Allemands sudètes s’invitent dans les discussions intergouvernementales germano-tchèques

Guido Westerwelle et Karel Schwarzenberg, photo: CTK

Le ministre des Affaires étrangères allemand, Guido Westerwelle, était invité ce mardi dans la capitale tchèque afin de célébrer le vingtième anniversaire de la déclaration germano-tchécoslovaque signée en février 1992. Bernd Posselt, le représentant de la Sudetendeutsch Landsmannschaft, la plus grande organisation des Allemands sudètes en Allemagne, a profité de l’occasion pour demander au chef de la diplomatie allemande, lors de son passage à Prague, de transmettre une demande de contact officiel direct avec le gouvernement tchèque. Le ministre allemand s’est bien gardé de le faire.

Guido Westerwelle et Karel Schwarzenberg,  photo: CTK
Dans la foulée de la conférence interministérielle sur le partenariat oriental de l’Union européenne qui s’est tenue à Prague en début de semaine, les autorités tchèques ont invité le ministre des Affaires étrangères allemand et son homologue slovaque à se joindre à la célébration au Sénat tchèque des vingt ans de la déclaration germano-tchécoslovaque. Cette déclaration avait pour objectif de dénouer le contentieux qui opposait l’Allemagne et la Tchécoslovaquie au sujet du passé germano-tchécoslovaque dans le cadre de l’Europe élargie. C’est ce qu’a rappelé le ministre des Affaires étrangères tchèque Karel Schwarzenberg :

Karel Schwarzenberg,  photo: CTK
« De ce point de vue la déclaration germano-tchèque était significative. Elle a permis de remplir les objectifs de sécurité de la Tchécoslovaquie d’après novembre 1989 dans le processus de la transformation de l’Europe. La déclaration a permis la formulation d’une nouvelle relation au sein du voisinage européen. A la même époque la société européenne se transformait ce qui a permis la mise en contact de l’Allemagne et de la Tchécoslovaquie puis de la République tchèque. Les Etats ont reconnu partager les mêmes valeurs et les mêmes intérêts, permettant de dépasser les stéréotypes des époques précédentes et, par la même occasion, ouvrant un espace d’intérêts communs pour la République tchèque et l’Allemagne. »

Même son de cloche de la part du ministre des Affaires étrangères allemand Guido Westerwelle qui a pour sa part rappelé le travail réalisé par la jeunesse de l’Allemagne, la Slovaquie et la République tchèque dans le renforcement des relations entre les trois pays depuis 1989 dans la perspective de l’élargissement européen. Laisser le passé aux historiens et se tourner vers l’avenir européen, telles étaient les axes ouverts par les hommes politiques de la signature en 1992, parmi lesquels les défunts Václav Havel et Jiří Dienstbier ; axes que les dirigeants actuels des deux pays souhaitent suivre et renforcer. Il s’agit en effet de rendre les relations germano-tchèques indépendantes des revendications des Allemands sudètes.

Le retour sur le passé est pourtant ce que souhaite leur principal représentant, Bernd Posselt, président de la puissante association Sudetendeutsche Landsmannschaft qui a profité du vingtième anniversaire germano-tchèque pour demander au ministre des Affaires étrangères allemand d’obtenir pour son association un contact direct avec le gouvernement tchèque. L’occasion pour lui de rappeler également dans la presse que le gouvernement tchèque se devait d’instaurer un dialogue direct avec les Allemands sudètes sur l’histoire commune arguant « que seul ceux qui connaissent leur histoire peuvent se projeter dans l’avenir ». L’historien et germaniste de l’Université de Strasbourg, Christian Jacques, est spécialiste de l’histoire des populations germanophones des pays tchèques. Il rappelle que les discours de Bernd Posselt s’inscrivent avant tout dans le contexte politique allemand stricto sensu

« Il s’agit avant tout de lire ses déclarations dans le contexte politique allemand. L’association des Allemands sudètes est une institution en perte de vitesse au niveau de la société allemande. Il s’agit de toute évidence pour ce représentant de se rappeler à l’opinion publique allemande. »

A l’occasion de leur rencontre, les ministres des Affaires étrangères des deux pays se sont bien gardés d’aborder la question sudète, préférant mentionner le fait que jamais dans l’histoire des deux pays les relations avaient été aussi bonnes. Le Sénat tchèque avait invité le président de l’association sudète, Bernd Posselt à participer au vingtième anniversaire de la déclaration germano-tchèque. Ce dernier a toutefois annoncé qu’il ne s’y rendrait pas en raison d’un emploi du temps chargé.