Les bals, une tradition toujours en vogue ?

Avec l’arrivée des premiers jours de l’automne, c’est la saison des bals qui va recommencer en République tchèque. Cette tradition, très centre-européenne, à l’image des grands bals viennois, est très appréciée ici, et l’enseignement des danses de salon connaissent un succès impérissable.

Avec l’arrivée des premiers jours de l’automne, c’est la saison des bals qui va recommencer en République tchèque. Cette tradition, très centre-européenne, à l’image des grands bals viennois, est très appréciée ici, et l’enseignement des danses de salon connaissent un succès impérissable.

Officiellement, la saison des bals commence en février, à la fin du Carême, mais chaque hiver, de novembre à mars, les salles de concerts ou les maisons de la culture accueillent différentes associations, institutions ou partis politiques qui y organisent leur bal annuel. Les femmes se parent de leur plus belle tenue de soirée et les hommes portent leurs plus beaux costumes. La tradition des bals est également particulièrement importante pour les lycées et les élèves qui terminent leurs études secondaires. Adela et Adam sont Tchèques. Ils étaient élèves au lycée français de Prague, qui est un établissement dépendant du système scolaire français, mais qui s’est adapté à la culture tchèque, en y organisant un bal chaque année :

Adela : « Il y a beaucoup d’autres pays d’Europe qui ont cette tradition, comme la Grèce, l’Autriche, l’Allemagne peut-être. C’est pour que les professeurs donnent les écharpes aux élèves et leur disent qu’ils leur souhaitent de bonnes études supérieures. Et qu’on se dise au revoir, à l’occasion d’un bal. »

Et comment ce bal se présente-t-il, que s’y passe-t-il ?

Adela : « C’est très classique. Il y a donc de la musique classique, on danse, on fait parfois des discours, pour les professeurs et pour les élèves. Il y a de quoi manger et boire, pour que les gens s’amusent. Il y a un programme qui est fait soit par les élèves, soit quelqu’un le prépare pour eux. Il y a des aspects d’animation et de divertissement. »

Et les filles portent de belles robes et les garçons de beaux costumes. C’est important pour vous ?

Adela : « Ça appartient à la tradition des bals, on ne va pas y venir en jeans ! Pour les filles, c’est une occasion de porter une robe parce qu’il n’y a pas vraiment d’autre moment où l’on peut s’habiller comme ça, quand on est si jeune. C’est important pour se présenter, montrer qu’on est devenu mature et se présenter autrement qu’en classe. Et c’est aussi pour poursuivre la tradition des robes et des costumes.»

Qu’est-ce que cela représente pour vous ce bal du lycée ?

Adam : « Pour moi, c’était une occasion pour dire au revoir aux professeurs, et c’était aussi un moment pour se détendre. »

Y-a-t-il des moments qui sont inévitables, comme cette remise des écharpes ? Quels sont les éléments de la cérémonie traditionnellement ?

Adam : « Il y a toute une procédure, comme celle des écharpes, qui est quelque chose de symbolique. Le professeur principal ou le directeur nous donne leur confiance pour passer aux études supérieures. »

Adela : « Pour la remise des écharpes, les élèves se tiennent en rang et le professeur principal va d’un élève à l’autre et il dit à chacun personnellement ce qu’il pense, ce qu’il devra améliorer pour ses études, ou ce qu’il lui souhaite. »

Et quelles sont les autres cérémonies traditionnelles ?

Adam : « Il y a le drap qu’on tend. Sur ce drap, les parents et les amis lancent des pièces ou des billets. Les pièces, c’était pour la chance. Dans les écoles tchèques, on les ramasse et on les met dans des verres que l’on garde après. »

Il n’y a pas que les bals de lycée qui témoignent de la vitalité de cette tradition ; il semble en effet que les écoles de danse de salon accueillent de plus en plus de nouveaux adeptes. La ville de Prague compte à elle seule une petite centaine d’écoles de danse. Krystina est professeure de danse à Plaminek, une école située en plein cœur de Prague, où on enseigne les danses comme la valse, le tango, les danses latino-américaines, et la danse nationale : la polka tchèque.

« Je pense que l’intérêt pour les danses de salon a légèrement augmenté en ce qui concerne les adultes. Il y avait à la télévision tchèque un programme qui s’appelle « star dance » et un autre programme « ballando » sur la télévision Nova. Et ça a rappelé aux gens que cela existe et peut-être que les couples qui regardaient ces programmes le samedi soir se sont dit qu’ils pourraient réessayer.

En ce qui concerne la jeunesse, il me semble qu’à Prague, les jeunes ont tellement de possibilités pour se divertir que la danse n’est pas leur priorité. Je suis originaire d’Olomouc et la tradition veut que ceux qui ne vont pas au cours de danse sont plutôt « out ». Ici à Prague j’entends parfois, dans le bus par exemple, des jeunes qui disent qu’ils ne veulent pas aller aux cours de danse, donc cela dépend des villes. »

Jan et son amie ont une trentaine d’années. Ils fréquentent à Prague ces cours de danse depuis quelques semaines :

« Cette année, je me rends compte que tout le monde danse. Par exemple, mon ami d’enfance a commencé à suivre des cours de danse l’année dernière. Il m’a invité à un bal mais nous n’avons pas pu y aller parce que nous avions déjà un autre bal. Je pense que ça arrive autour de la trentaine, que les gens ont envie de réessayer. Ce n’est pas comme avant, parce que je m’essouffle plus, ce qui n’était pas le cas avant. J’ai beaucoup d’amis, notamment garçons, qui s’esquivaient ou s’esquivent encore pour danser. Et je me souviens qu’on rejetait ces danses, mais maintenant, on veut réessayer. »

Les cours de danse de salon sont plus que de la simple technique de danse. C’est toute une tradition sur la façon de se tenir, et de s’habiller :

« Ce qui est intéressant, c’est qu’ils nous enseignent toutes les convenances sociales. Nous espérions pouvoir venir en tenue décontractée pour se sentir à l’aise, mais ils nous enseignent ici comment nouer une cravate, ce que je considère comme un peu inutile. Même quelquefois, c’est un peu contreproductif, parce que si l’on pouvait porter des vêtements normaux, on apprendrait mieux les pas de danse et on s’entrainerait mieux. »

Pourtant, il semble que les apprentis danseurs se prennent vite au jeu et fréquentent de plus en plus les bals, comme l’explique Jan :

« Nous sommes allés au bal de l’école de danse puis il y a ensuite deux autres bals qui seront organisés. L’un d’entre eux est sur un bateau, et nous avons déjà les billets. Nous sommes aussi allés au bal de l’Université technique de Prague qui s’est tenu à Žofín et était très joli, très classique. Et vendredi dernier, j’étais encore à un bal d’étudiants qui a un thème spécial chaque année et les gens étaient déguisés et dansaient plutôt sur du rock’n’roll. Sinon en général, dans les bals, on danse plutôt la polka et la valse, qui sont à mon avis les danses les plus difficiles. »