Les causes de la dénatalité en Tchéquie vues par le politologue Jiri Pehe
Le taux de natalité en République tchèque est très bas. Mais ce n'est pas forcément la mauvaise situation matérielle qui en est responsable, comme le pensent beaucoup. Le politologue Jiri Pehe prétend, dans les pages du journal Lidove noviny, que ce sont le consummerisme et l'éclatement des valeurs traditionnelles qui sont à l'origine de l'actuel état des choses... Dans une récente édition du quotidien MfD, j'ai retenu un article consacré à la criminalité dans la capitale tchèque.
« Pourquoi le chiffre de dix ou de vingt millions de Tchèques serait-il préférable à celui de huit ou de six millions », demande-t-il et de continuer : « L'accroissement de la natalité rendra-t-elle la nation tchèque politiquement plus forte, plus culturelle, bref, meilleure ?... Pourquoi est-t-on amené à lier la valeur de la vie humaine qui représente en soi un miracle mystérieux, à une appartenance nationale au moment où le nombre d'habitants sur notre planète ne cesse d'augmenter ? Dans la logique du débat actuellement mené, un nouveau-né tchèque aurait plus de valeur qu'un nouveau-né en Inde, par exemple. Cela voudrait dire qu'un nouveau-né de la civilisation occidentale serait meilleur qu'un autre issu d'autres cercles de civilisation... Philosophiquement parlant, un tel concept est inacceptable... «
Si, toutefois, il y avait lieu d'affronter sérieusement la question de la dénatalité en République tchèque, Jiri Pehe plaiderait en faveur de l'ouverture du pays aux immigrés. Le problème est que celle-ci n'est pas largement plébiscitée par la scène politique et, encore moins, par une grande partie de la population... Quelles sont, par ailleurs, les causes principales de la régression de la natalité, en Tchéquie ? L'argument de taille, pour beaucoup, est la prétendue mauvaise situation économique des jeunes ménages. Jiri Pehe est d'un tout autre avis.
« Jamais les Tchèques n'ont mené une meilleure vie qu'aujourd'hui. L'amour de la consommation et l'égoïsme exacerbé se présentent donc comme les causes principales de ce que les Tchèques ne veulent plus procréer. Il faut y ajouter l'éclatement des valeurs traditionnelles au coeur desquelles figurait, jadis, la famille. Est-ce un hasard si les Tchèques représentent à la fois la nation la moins religieuse en Europe et celle qui a le plus bas taux de natalité ? »
« On ne peut tout avoir », constate Jiri Pehe dans les pages de Lidove noviny. « Il n'est pas possible de prôner le consummerisme et la satisfaction des besoins individuels tout en se déclarant effrayés par l'extinction de la nation », conclut-il.