Les Tchèques, un peuple en voie de disparition ?
Le dernier rapport démographique de l’Office de statistique tchèque montre que le nombre d’habitants dans le pays a augmenté depuis le début de cette année de 15 800. Fin septembre, le pays comptait donc 10 548 000 habitants. Ce chiffre positif ne semble cependant pas satisfaire les démographes qui préparent les prévisions de l’évolution démographique de la population tchèque jusqu’à la fin du XXIe siècle.
La fécondité en République tchèque a légèrement diminué. Tandis que dans les années 2009 et 2010 l’indice de fécondité, c’est-à-dire le nombre de naissances par femme en âge de procréer, atteignait encore 1,49, cette année il ne dépasse pas 1,44. Et ce n’est pas un bon présage pour l’évolution démographique de la population tchèque. Selon la plus pessimiste des trois variantes de la prévision démographique présentées ces jours-ci par Pavel Fiala de l’Ecole supérieure d’économie de Prague, au cours du XXIe siècle la population tchèque pourrait même diminuer de la moitié :
« C’est une mise en garde qui se propose de démontrer que notre natalité est tellement faible que si elle n’augmente pas, le nombre d’habitants en République tchèque diminuerait de moitié. Et encore parmi les 6, 5 millions d’habitants que la Tchéquie risque d’avoir vers la fin du siècle, il y a aurait 1 million d’étrangers qui se seraient établis, comme nous le supposons, dans notre pays. J’avoue avoir été moi-même surpris par ce résultat mais si pendant tout un siècle il n’y a que 1,4 naissance par femme en moyenne, au lieu de 2,1, ce qui serait souhaitable, cela finira par avoir cette conséquence. »D’après Pavel Fiala, il est très difficile de prévoir l’afflux d’immigrés qui pourraient améliorer le bilan démographique de la République tchèque. Il constate cependant qu’en général, lorsque le taux de fécondité dans un pays est en baisse, le nombre d’immigrés augmente souvent rien que pour combler la lacune sur le marché de travail. Par contre le démographe ne voit pas une catégorie d’âge des femmes qui pourrait à l’avenir renverser la tendance négative et assurer le renouvellement des générations :
« En ce qui concerne la forte catégorie d’âge des années 1970, ces femmes sont aujourd’hui presque quadragénaires et ont donc dépassé le sommet de leur fécondité. Il n’y aura pas d’autre catégorie d’âge de grande natalité, parce que le baby boom survenu il y a quelques années, n’a été que de courte durée et le taux de natalité n’a même pas dépassé celui de l’année 1993. Son effet ne pourrait donc se manifester que par une stagnation. Pendant un certain temps le nombre de femmes en âge de procréer ne diminuera pas. »Et Pavel Fiala de constater que la seule possibilité d’améliorer vraiment la situation démographique du pays serait donc une augmentation du nombre d’enfants par femme, augmentation de l’indice de fécondité.