Les chauffeurs de taxi pragois protestent eux aussi

Photo: Tomáš Adamec, ČRo

Les chauffeurs de taxi français n’ont pas le monopole de la protestation. A Prague, leurs collègues tchèques ont ainsi manifesté ce mardi. Eux ne se battent pas prioritairement contre la concurrence déloyale de la société Uber, mais contre un projet de la municipalité de la capitale tchèque de renforcer les examens d’attribution des licences.

Photo: Tomáš Adamec,  ČRo
« La façon dont est assurée le service de taxi à Prague est insatisfaisante. Nous sommes la cible des critiques des touristes étrangers qui disent qu’il y a du vol ici à Prague et que les chauffeurs ne se comportent pas correctement. »

Derrière cette déclaration de guerre se cache la maire de Prague, Adriana Krnáčová, du mouvement ANO, à l’origine du projet d’intensifier les contrôles durant cet été et de redéfinir l’examen pour obtenir une licence de taxi. La nouvelle formule comprendrait un test psychologique, un test en langue étrangère ou encore un contrôle des connaissances sur la topographie de la ville. Il s’agirait de rejoindre un point de la métropole sans carte et sans GPS. Les quelques 4000 chauffeurs en activité dans la capitale tchèque seraient d’ailleurs contraient de repasser cet examen, sous peine de perdre la précieuse licence. Celle-ci ne serait valable que durant cinq années Evidemment, cela ne plaît guère aux taxis pragois qui l’ont fait savoir ce mardi, à l’image de David, interrogé par la Télévision tchèque :

« Tous les chauffeurs de taxi ont fait ces examens et nous ne voyons pas pourquoi nous devrions les passer à nouveau. »

Adriana Krnáčová,  photo: ČT24
L’avis de David est partagé puisqu’ils étaient environ 600 à manifester au volant de leurs bolides depuis les hauteurs de Strahov jusqu’à la mairie de Prague, perturbant quelque peu la circulation des automobiles et des tramways. Les chauffeurs en colère ont remis une pétition à la maire de Prague, à laquelle ils reprochent de faire des généralisations en les considérant tous comme malhonnêtes et de vouloir explicitement inciter les Pragois à utiliser les transports en commun. Des griefs qui n’émeuvent pas Adriana Krnáčová outre mesure :

« Les taxis ne veulent pas que nous fassions quelque chose. Ils veulent que les choses continuent comme avant et ce statu quo les avantage. C’est un message très désagréable qui nous est adressé à nous et peut-être aussi aux Pragois. »

Photo: Kristýna Maková
Pour Karel Holcman, le président de l’Association des concessionnaires des services de taxi, renforcer les conditions d’accès au métier ne règlera rien au problème réel des taxis exerçant avec de faux papiers ou fraudant le fisc. Mécontents de n’avoir pas été entendus à la mairie de Prague, les manifestants ont décidé d’aller bloquer la fameuse « magistrála », une voie rapide très empruntée à Prague. Ils ont finalement plié bagage après une demi-heure quand la municipalité a accepté l’organisation la semaine prochaine d’une rencontre avec des représentants des chauffeurs de taxi. Si elle n’obtient pas satisfaction, l’Association des concessionnaires des services de taxi a déjà appelé à un nouveau rassemblement mercredi prochain depuis Strahov.

A noter que l’organisation dit également vouloir lutter contre la concurrence déloyale que constitueraient selon elle certaines applications mobiles, par exemple en portant plainte contre tous les conducteurs de la société Uber, arrivée sur le marché tchèque l’an passé, qui ne respecteraient pas la loi sur le transport urbain.