« Les droits de l’Homme plus importants qu’un panda au zoo » : Prague rompt avec Pékin
Annoncée en fin de semaine dernière, la décision de dénoncer l’accord avec la ville de Pékin a été prise ce lundi matin par le conseil municipal de Prague dirigé par le maire Zdeněk Hřib (Pirates). Une rupture qui fait suite à de longues semaines d’incompréhension entre les capitales tchèque et chinoise.
« Malheureusement, la partie chinoise n’a pas respecté notre avis selon lequel un tel article politique n’avait rien à faire dans notre partenariat. Les négociations n’ont rien donné et dans le même temps, des sanctions ont été prises contre des orchestres ou des institutions qui portent le nom de Prague ou sont liés à Prague. Il est évident que la Chine ne veut pas discuter de ce point. C’est la raison pour laquelle le conseil municipal a pris aujourd’hui cette décision à l’unanimité et si l’assemblée municipale la valide cette affaire sera terminée avant la fin de l’année. »
Les tournées chinoises de plusieurs orchestres de Prague ont notamment été annulées après les prises de position du nouveau maire de la capitale, peu enclin par exemple à limiter ses contacts avec les représentants tibétains et taiwanais.
Le nouveau ministre de la Culture (et ancien chef de la diplomatie), Lubomír Zaorálek (ČSSD), a prestement quitté une réunion avec l’ambassadeur chinois sur le sujet, estimant que ce qu’il disait « n’était pas écoutable ».
Du côté de la présidence de la République, Miloš Zeman a indiqué que, même s’il ne trouvait pas raisonnable d’annuler des événements culturels, « le maire de Prague a semé le vent et nous récoltons tous la tempête ». « Il fait erreur et porte atteinte aux relations tchéco-chinoises », a ajouté le chef de l’Etat ce week-end en parlant du maire.La signature de l’accord Prague-Pékin date de la venue en grande pompe du président chinois Xi Jinping. Trois ans après, la donne a changé et la majorité également à la mairie de la capitale tchèque, anciennement dirigée par le mouvement ANO. Jan Čižinský (Praha sobě) est membre de la nouvelle coalition – il a fait allusion au panda qui aurait été promis par la partie chinoise au zoo de Prague en contrepartie de la signature de cet accord controversé :
« Il y a trois ans j’ai voté contre ce partenariat. Notre formation avait la correction de cet accord parmi ses priorités. Nous sommes contents d’avoir réussi à former cette coalition qui confirme qu’à Prague les droits humains sont réellement plus importants qu’un panda dans notre zoo. »Lundi midi, le chef de la diplomatie tchèque Tomáš Petříček a indiqué qu’il respectait la décision du conseil municipal, tout en précisant que cela ne modifiait pas la politique gouvernementale.