Quand le mouvement Extinction Rebellion s’en prend à la banque centrale

Le mouvement Extinction Rebellion devant le siège de la Banque nationale tchèque

Quelques mots d’abord sur un « happening » organisé récemment par le mouvement Extinction Rebellion à Prague devant le siège de la Banque nationale tchèque et sur certaines des questions que cette manifestation a soulevées. Cette nouvelle revue de la presse de la semaine écoulée s’intéresse aussi au possible accueil des collaborateurs afghans des soldats tchèques. « Faut-il favoriser les vaccinés ? » est une autre question qui, comme ailleurs, se pose en République tchèque. Le silence autour de la question d’une vaccination obligatoire et les critiques qui visent les prochains JO d’hiver à Pékin sont deux autres sujets traités.

La lutte contre le changement climatique est-elle une nouvelle mission des banques centrales ? Cette question a été soulevée dans le quotidien économique Hospodářské noviny suite à une manifestation de membres du mouvement Extinction Rebellion devant la Banque nationale tchèque. Une façon de sensibiliser cette institution aux phénomènes climatiques alarmants observés en République tchèque également. Rappelant d’abord que la Banque nationale tchèque est une institution d’Etat dont la mission est clairement définie par la Constitution et par une loi spécifique, le journal précise :

« La Banque nationale tchèque est impliquée dans la mission environnementale dans le cadre des tâches qui sont les siennes. Depuis 2019, par exemple, ses Rapports de stabileté financière analysent en détail les risques que comporte le changement climatique. Les finances vertes sont un autre domaine dans lequel ses experts sont engagés. De même, elle soutient les efforts menés au niveau européen en faveur de la transparence des opérations financières. »

La Banque nationale tchèque n’est cependant pas un institut scientifique censé prendre des décisions relatives aux différents projets en lien avec la protection du climat. « Ce n’est pas son mandat légal, contrairement à ce que croient les manifestants du mouvement Extinctions Rebellion », souligne le commentateur de Hospodářské noviny, avant d’ajouter :

« Les banques centrales dans le monde s’intéressent désormais plus que jamais aux sujets concernant le changement climatique, la croissance durable et inclusive ou les finances vertes. C’est le cas aussi de la Banque nationale tchèque qui, dans le cadre de ses compétences, s’efforce de trouver des solutions aux principaux défis actuels, et ce y compris sur le plan pratique : par exemple, au cours des dix dernières années, elle a réduit de 40 % la charge énergétique de sa centrale. »

En attendant le déplacement en Tchéquie de collaborateurs afghans

Le gouvernement tchèque n’a pas encore décidé du sort des Afghans qui ont aidé les soldats tchèques lors de leur mission en Afghanistan et redoutent désormais l’avancée des Talibans, pouvait-on lire, en début de semaine, sur le site de l’hebdomadaire Respekt, qui expliquait :

Photo: SOG - DEFENCE

« Ce lundi, le gouvernement a débattu à huis clos du projet du ministère de la Défense qui a été préparé au printemps et concerne ‘le déplacement des collaborateurs afghans de l’Armée tchèque vers la Tchéquie’. Il s’agit d’un projet de grande importance qui vise à sauver au dernier moment la vie de quelque 50 à 60 Afghans, majoritairement des traducteurs. Ceux-ci devraient être accueillis en Tchéquie avec les membres de leurs familles. »

« Chaque jour compte. C’est pourquoi l’opération en faveur des alliés afghans doit être menée rapidement et sans  retards bureaucratiques », estime encore Respekt, qui cite un de ces collaborateurs afghans concernés : « si les Taliban s’emparent du pouvoir, il n’y aura nulle part où se cacher. »

Ce vendredi, le projet du ministère de la Défense a de nouveau été débattu en Conseil des ministres.

Faut-il favoriser les vaccinés ?

Le journal Deník a commenté l’adoption par la Chambre des députés slovaque de la loi qui favorise les personnes qui sont vaccinées, à condition que l’épidémie se propage de nouveau de façon modérée. On peut y lire :

Photo: Roman Vondrouš,  ČTK

« En apparence, il s’agit d’une décision qui n’a que peu d’importance. Cela dit, cette nouvelle disposition témoigne de quelque chose qui, il y a deux ans encore, aurait été inimaginable : au centre de l’Europe, au coeur même de l’Union européenne, les gens, en vertu d’une loi, sont divisés en deux catégories, la A et la B. Bien qu’il s’agisse d’une mesure découlant d’une crise et répondant aux intérêts des groupes les plus menacés, c’est le mot apartheid qui vient à l’esprit dans ce contexte. »

Le Covid-19 a modifié la conception évidente des droits de l’homme, constate le commentateur de Deník. Il croit cependant que « toucher à l’égalité devant la loi est dangereux, même quand nous sommes confrontés à des circonstanes exceptionnelles provoquées par un désastre mondial ». Or, « au regard des droits de l’homme, une vaccination obligatoire serait beaucoup plus juste ».

Un grand silence autour de l’obligation de vaccination

Le cas du médecin qui accompagne les athlètes tchèques aux Jeux olympiques de Tokyo sans s’être fait vacciner préalablement et qui a été testé positif au coronavirus, a confirmé que l’éventuelle introduction d’une vaccination obligatoire divise la société tchèque plus que tout autre sujet. C’est d’ailleurs probablement pour cette raison, comme l’observe le journal E15, que le thème est entièrement absent de la campagne électorale :

Photo: Václav Šálek,  ČTK

« Le chef de gouvernement Andrej Babiš a clairement déclaré que cette question ne sera pas débattue avant les élections législatives en octobre. C’est donc au prochain gouvernement qu’il appartiendra de trancher. Les partis d’opposition restent silencieux. Seuls les partis extrémistes se sont saisis du sujet. Ils refusent ouvertement toute forme de vaccination et présentent le médecin olympique contestataire comme un grand héros. »

Le problème concernant l’obligation de vaccination, selon le commentateur du journal E15, est lié au fait qu’aucun débat n’a encore été mené. « Et il se peut qu’il sera trop tard après les élections », conlut-il.

Les JO d’hiver à Pékin sous le feu des critiques

En plein milieu des Jeux olympiques d’été à Tokyo, les voix critiques se mutliplient à l’Ouest quant aux Jeux olympique d’hiver qui doivent se dérouler à Pékin en février prochain. De son côté, la Tchéquie attend et hésite. C’est du moins ce qu’estime le quotidien Lidové noviny, qui rappelle dans ce contexte la visite du président Miloš Zeman en Chine, prévue pour l’année prochaine. Son auteur écrit également :

« En juin, le Sénat tchèque a adopté une résolution appelant les représentants de l’Etat à ne pas prendre part aux JO en Chine, car leur présence légitimerait la violation des droits de l’homme. La Chambre des députés hésite, son président Radek Vondráček du mouvement ANO estimant que la politique n’a pas sa place dans le sport. Sa position est partagée par le président du Comité olympique tchèque. »

Lidové noviny rappelle que, par le passé, les Jeux olympiques ont pourtant connu différents boycotts. Ainsi, l’ancienne Tchécoslovaquie, de concert avec l’Union soviétique, a boycotté les Jeux de 1984 à Los Angeles. De même, plusieurs chefs d’Etats occidentaux se sont fait remarquer par leur absence lors des JO d’hiver à Sotchi en 2014.