Les droits de l’homme, un héritage de Václav Havel qui mérite d’être cultivé
Comment devrions-nous nous souvenir de Václav Havel ? Cette question a été posée dans un des textes publiés dans les médias à l’occasion du septième anniversaire du décès de l’ancien président tchèque et nous vous ferons découvrir les réponses proposées par leurs auteurs dans cette nouvelle revue de presse de la semaine écoulée. Celle-ci propose également un regard sur la conférence sur le climat de Katowice et quelques observations relatives aux préférences des spécialistes en littérature en rapport avec la publication des résultats de la traditionnelle enquête annuelle du quotidien Lidové noviny pour désigner les meilleurs livres de l’année. Enfin, nous nous intéresserons au phénomène de la réapparition de la rougeole à la lumière des campagnes de non-vaccination.
« L’un des sujets que Václav Havel a introduit dans le discours au sein de la société tchèque, c’était la protection des droits de l’homme. Un sujet on ne peut plus important, sans égard aux différentes interprétations qui peuvent lui être données ou à son utilisation à des fins partiales ou politiques. Ce pincipal legs de Havel n’est pas pour autant une valeur fixe et définie une fois pour toutes, mais il constitue une tâche, un défi appelé à être régulièrement relevé. Or, la question de savoir de quelle manière rappeler ou ne pas rappeler l’anniversaire de Václav Havel n’est pas particulièrement importante. Ce qui devrait être en revanche accentué, c’est la nécessité de voir la question des droits de l’homme dans la société tchèque toujours présente. Elle devrait être approfondie, donnant lieu à des regards et à des accents variés pour permettre à des gens de convictions politiques différentes de se rencontrer et d’élucider leurs approches ».
Selon l’auteur de la note publiée dans le journal Denik Referendum, cette façon de se rappeler l’ancien président président Václav Havel ne perdra jamais sa raison d’être.
Deux leçons à tirer de la conférence sur le climat de Katowice
Au bout des délibérations de deux semaines qui ont failli échouer, la communauté mondiale s’est concertée sur un accord qui conforte celui de Paris. C’est ce que rapporte un article publié dans le quotidien économique Hospodářské noviny qui revient sur la récente conférence de Katowice sur le climat et qui indique :
« En dépit des controverses qui l’accompagnaient, on peut constater que la conférence a apporté deux résultats positifs. D’abord, il est évident que presque plus personne ne partage la position de l’ancien président tchèque Václav Klaus qui, comme on le sait, déprécie le changement climatique. Un problème pour la solution duquel il suffirait, d’après ses propres paroles, de bien s’habiller, soit de ‘mettre ou d’enlever un pull’. Bien au contraire, il y la volonté de prendre des mesures pertinentes, aussi coûteuses soient-elles. On pouvait craindre que la volonté de prendre en commun des engagements en faveur de la lutte contre le changement climatique soit faible. Toutefois, ces craintes nourries dans le monde d’aujourd’hui par la montée en puissance de toute sorte de nationalismes ne se sont pas confirmées. Et c’est une autre très bonne nouvelle issue de la conférence de Katowice. »
Le fait que l’esprit de la coopération globale ne soit pas mort donne alors à croire que la situation n’est pas désespérée, conclut l’auteur de l’article dans Hospodářské noviny... « L’important, c’est que les règles communes sont plus ou moins valables pour l’ensemble des Etats ce qui rendra l’application de l’accord convenu plus facile ». C’est en ces termes que l’hebdomadaire Respekt apprécie pour sa part les résultats de la conférence de Katowice tout en déplorant le fait que le document final de cent cinquantes pages n’engage pas les différents pays à soumettre d’ici l’an 2020 des projets radicaux en vue de la réduction des émission de gaz à effet de serre.
Le crépuscule des belles-lettres tchèques ?
Comme de tradition, le quotidien Lidové noviny, qui a fêté cette semaine son 125e anniversaire, a lancé son enquête annuelle auprès d’une centaine de critiques, journalistes, traducteurs et autres experts en littérature pour désigner le Livre de l’année. Les résultats pour 2018 qui ont été publiés samedi dernier ont classé en première position un livre d’entretiens avec des personnes qui vivent en solitaires, tels des hermites, dans les forêts des Monts de Šumava, dans le sud de la Bohême. En outre, à l’exception d’un roman de provenance étrangère, parmi les dix premiers livres que les experts interrogés ont choisi ne figurent que des oeuvres factographiques : des entretiens, des biographies, des essais, des mémoires, des livres d’histoire. A leur côté, la vraie littérature de qualité, romans ou nouvelles, se voit entièrement éclipsée. Le journal a à ce propos remarqué :
« La littérature et les romans ont chuté dans un fossé qui est désormais creusé entre les titres d’ordre factographique et la littérature dite mainstream, favorisée par les lecteurs. Par ailleurs, cette tendance a été confirmée également à l’occasion du prestigieux concours littéraire Magnesia Litera qui n’a pas plébiscité un roman, mais un livre d’essais et de réflexions politiques. »
Le journal Lidové noviny suggère enfin, sur un ton ironique, la fondation d’un institut de recherche du Grand roman tchèque pour permettre aux hommes de lettres, perdus dans la jungle littéraire, de se sauver la peau.
Ces parents qui refusent de faire vacciner leurs enfants
« Les campagnes et les désinformations sur les réseaux sociaux nous rejettent à des dizaines d’années en arrière, à l’époque où les gens souffraient de maladies qui, aujourd’hui, semblaient être éliminées. » C’est ce que titre un article publié sur le site aktualne.cz en rapport avec la réapparition dans le pays de la rougeole : 189 cas recensés cette année par rapport à 145 cas identifiés précédemment et neuf cas seulement en 2015. Il cite à ce propos des experts spécialisés en épidémiologie pour lequels ces chiffres constituent « une des informations locales les plus atroces de cette année » :
« L’augmentation du nombre de cas de la rougeole sont en majeure partie le fruit de la position négative d’une partie de la population vis-à-vis de la vaccination contre la rougeole qui se laisse influencer par les campagne anti-vaccination menées sur certains sites. Or, les travaux des médecins et des spécialistes de laboratoires ont permis à la médecine d’atteindre le niveau qui nous permet de vivre mieux que jamais. Pourtant, beaucoup de gens l’ignorent et prêtent l’oreille aux informations insensées qui circulent sur les réseaux sociaux. »
Le texte remarque que la volonté de croire les fausses nouvelles et des théories de la conspiration témoigne d’un certain analphabétisme médiatique qui est dans le pays répandu... L’auteur d’un article publié dans le quotidien Mladá fronta Dnes qui se penche également sur ce problème va plus loin encore en indiquant que « les personnes qui refusent la vaccination se comportent comme des terroristes ». Il écrit :
« Les statistiques démontrent à quel point la prolifération de la rougeole en Europe est rapide, une maladie qui est dangeureuse et extrêmement contagieuse, voire même mortelle. En ce qui concerne les enfants de moins de cinq ans, elle est la cause la plus fréquente de leur mortalité. Et il n’est pas difficile d’identifier ceux qui en sont capables : ce sont les terroristes prônant la non-vaccination, autrement dit tous ceux qui rejettent les informations fournies par les autorités pour croire celles diffusées sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, le nombre de personnes qui refusent en Tchéquie la vaccination n’a de cesse de monter. D’après les évaluations, près d’un tiers des enfants en bas âge en seraient concernés. »
L’auteur de l’article admet que les gens qui refusent la vaccination ne constituent pas une masse monolite, leur spectre et leurs motivations étant très variés. Ceux cependant qui s’y opposent avec détermination considérant la vaccination comme un élément toxique semblent prédominer.