La Prague de Václav Havel
L’aéroport international de Prague porte son nom, de même qu’une petite place dans le centre-ville située, symboliquement, devant le Théâtre national. Dramaturge, dissident et président, Václav Havel a, toute sa vie durant, entretenu un lien intime avec la capitale tchèque, ville où il est né le 5 octobre 1936 et où il est enterré depuis 2011. Nous vous proposons de lui emboîter le pas, en visitant quelques-uns des lieux à Prague où le souvenir de cet homme d’exception reste très vivant.
Notre itinéraire commence en plein cœur de Prague, aux abords de la place Venceslas, où, au début du XXe siècle, l’architecte Václav Havel, le grand-père du futur président, a fait construire un bijou de l’Art nouveau : le palais Lucerna. Aujourd’hui encore, le complexe abrite une très belle salle de cinéma, l’une des plus anciennes à Prague, des cafés, restaurants et magasins.
Václav Havel a deux fils, qui prendront sa succession. Václav Maria Havel, le père du dramaturge, et Miloš Havel. Tandis que le premier est un architecte et promoteur immobilier, le second a, lui, la passion du cinéma. Il crée sa propre société de production, Lucernafilm, et, avec son frère, fait construire, au début des années 1930, les célèbres studios Barrandov.
Issu de cette grande famille de la bourgeoisie tchèque, Václav Havel est, dès son enfance, stigmatisé par ses origines. Le régime communiste ne l’autorise pas à étudier à la faculté de cinéma et le futur écrivain gagne sa vie d’abord comme machiniste de théâtre. C’est au Théâtre sur la balustrade (Divadlo na zábradlí) qu’il se découvre une passion. Le machiniste devient dramaturge.
Ce petit théâtre, Divadlo na zábradlí, pour lequel Vaclav Havel a écrit, dans les années 1960, ses pièces absurdes les plus connues, se trouve place Anenské náměstí, sur les bords de la rivière Vltava.
Un peu plus loin, toujours sur le quai Rašínovo nábřeží et à proximité de la Maison dansante, se trouve l’immeuble où Václav Havel a vécu, à l’exception des années 1970, jusqu’à la révolution de Velours. La famille de Havel y occupait à l’origine deux étages, qui ont été réduits à un deux pièces après le putsch communiste de février 1948. Ces deux pièces étaient alors habitées par les parents et leurs deux fils, le dramaturge et écrivain Václav et le mathématicien Ivan. C’est là que Václav a passé son enfance et sa jeunesse, avant de déménager, avec sa première épouse Olga, au début des années 1970 qui ont suivi l’écrasement du Printemps de Prague, dans un appartement situé rue U dejvického rybníčku, dans le quartier de Dejvice donc, où ils ont vécu les moments les plus dramatiques de la dissidence à l’époque de la normalisation de la Tchécoslovaquie.
Par ailleurs, c’est au Slavia, le café préféré de Václav Havel, situé en face du Théâtre national, que le couple s’est rencontré en 1956, pour se marier huit ans plus tard et vivre ensemble des péripéties incroyables, d’abord comme opposants au régime autoritaire au sein du mouvement de la Charte 77, ensuite comme couple présidentiel.
De multiples lieux à Prague sont liés à la vie de Václav Havel–dissident : le siège de la police secrète communiste dans la rue Bartolomějská où il a subi des interrogatoires, les prisons de Pankrác et de Ruzyně, ou encore l’arrière-salle d’une brasserie du quartier périphérique de Horní Počernice où, le 1er novembre 1975, une troupe amateur a présenté, sous étroite surveillance de la police secrète, la première de la pièce de Havel Žebrácká opera (L’Opéra de quat’sous).
D’autres endroits et monuments sont inséparables des présidences de Václav Havel et de l’étape post-présidentielle de sa vie : en premier lieu, le Château de Prague qu’il a transformé d’une certaine manière et ouvert au public en tant que premier chef d’État post-communiste, sans oublier la rue Voršilská où il a ouvert son bureau après avoir quitté ses fonctions en 2003, sa villa située non loin du Château, rue Dělostřelecká, dans le quartier de Strešovice, ou encore la Bibliothèque Václav Havel de la rue Ostrovní qui est devenue, depuis sa fondation en 2004, un des centres culturels les plus bouillonnants de la capitale.
Toutefois, comme le remarque dans l’un de ses articles le journaliste Jiří Peňás, « Prague n’était probablement pas l’endroit préféré de Václav Havel ». « S’il y avait un endroit où il se sentait particulièrement bien, c’était sa maison de campagne de Hrádeček qui était son refuge », écrit le journaliste. C’est dans cette demeure isolée située dans la région de Trutnov, dans le nord de la Tchéquie, que Václav Havel aimait se retirer, écrire et recevoir des amis. Tout cela, avant la révolution de Velours, sous le contrôle permanent de la police, comme il s’en est souvenu :
« Je ne suis pas un grand connaisseur de la campagne, au contraire, je me perds ici, à Hrádeček, de temps en temps. Mais il y a eu des situations où j’ai dû fuir la police à travers la forêt enneigée en hiver. Je me souviens de l’une de ces fuites quand j’étais le porte-parole de la Charte 77. Nous avions une réunion de trois porte-paroles prévue à Prague pour recevoir plusieurs documents importants, alors j’ai dû partir en silence. Je crois qu’il m'est arrivé deux ou trois fois de m’enfuir de cette façon spectaculaire, à travers la forêt. »
Mort à Hrádeček le 18 décembre 2011, à l’âge de 75 ans, Václav Havel a été inhumé dans le tombeau de la famille Havel au cimetière de Vinohrady, à Prague.
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