Les échos de la guerre dans la presse tchèque
Le 60e anniversaire de la fin de la Deuxième Guerre mondiale domine également la presse tchèque. Alena Gebertova a retenu quelques idées et aspects qui y sont apparus.
« Vaclav Havel a la pleine compréhension pour ceux qui tiennent compte de l'ambiguïté liée à la libération soviétique de l'Europe et de l'abus des dizaines de millions de soldats soviétiques par le régime stalinien dans ses objectifs expansionnistes ».
Pour le correspondant du journal LN à Moscou, les festivités dans la capitale russe semblent être conçue intentionnellement de façon à évoquer les anciens temps soviétiques. L'auteur d'une autre note critique dans le journal est la journaliste populaire, Petra Prochazkova :« ... Les festivités indécemment pompeuses n'ont rien à voir avec le souvenir des millions de morts et encore moins avec le respect envers près de huit millions de participants directs à la Grande Guerre patriotique qui vivent encore dans la Fédération russe. Par ailleurs, ces derniers ne peuvent pas prendre la place qui leur appartient sur la tribune, pour suivre les festivités, car elle est occupée par les élites du monde d'aujourd'hui ».
Dans le quotidien Pravo, Petr Uhl fait remarquer que, souvent, l'Europe a tendance à oublier qu'il s'agissait d'une guerre mondiale, point d'une guerre européenne seulement. « On luttait en Afrique et en Asie et y ont été engagé les EU, le Canada, l'Australie et la Nouvelle Zélande », écrit-il et d'ajouter :
« Il est sympathique que l'Allemagne - pour la première fois peut-être - fête pleinement sa libération et pas seulement la fin de la guerre... C'est une source de satisfaction pour les descendants des centaines de milliers d'Allemands qui périssaient dans des camps de concentration et sur les fronts, qui ont été assassinés ou qui étaient victimes de la persécution politique, raciale ou autre ».
Plusieurs journaux situent l'anniversaire de la fin de la guerre dans le contexte des efforts européens. Dans l'hebdomadaire Respekt, nous pouvons lire :
« Il faut rappeler sans cesse que la liberté n'est pas une évidence et que l'idée pratique de l'intégration européenne n'a pas vu le jour dans les têtes de bureaucrates bruxellois, mais dans celles des gens qui réalisaient, pendant la SGM déjà, que combattre militairement les nazis ne suffisait pas ».
Dans les pages de LN, l'eurocommissaire tchèque Vladimir Spidla s'interroge sur les raisons du succès de l'idée de l'intégration européenne, idée qui, pourtant, avait été sérieusement discutée, déjà, après le premier conflit mondial. Il l'attribue entre autres « à une heureuse constellation, rarement vue, de figures politiques et au fait que Monet, Schuman et autres constructeurs de l'Union, avaient des approches beaucoup plus pragmatiques que leurs prédécesseurs idéalistes... Au lieu d'équilibrer les pouvoirs, la nouvelle conception les a limités de façon consensuelle ».« Schuman ou Monet seraient heureux de voir que les Etats européens sont économiquement et humainement liés au point qu'une guerre entre eux est dorénavant presque impossible », peut-on lire dans un éditorial de ce journal qui conclut : « Il est bon de se rappeler la situation qui existait, il y a soixante ans en espérant que, comme le dit un dicton, on ne saura apprécier la valeur de ce qu'on avait qu'au moment de le perdre ».