Les élections et leurs leçons
Lundi, nous avons présenté, sous différents aspects, les résultats des élections régionales et sénatoriales partielles qui ont eu lieu dimanche dernier. Nous y revenons encore, d'abord avec le politologue Martin Danes.
De principales leçons qu'on peut tirer des résultats des élections régionales ainsi que des sénatoriales partielles tchèques sont en nombre magique de trois.
La première leçon, en partie prévue par les sondages, nous apprend une débâcle du Parti social-démocrate tchèque, un camouflet pour le cabinet Zeman. Certes, la tradition politique veut qu'un parti de gouvernement au milieu de son mandat n'ait jamais une vie facile. Cependant, le fait que le parti communiste a nettement devancé les sociax-démocrates est une mise en garde sérieuse aux leaders de la gauche modérée.
Celle-ci récolte probablement encore les fruits amers de la stratégie de Milos Zeman avant les élections de 1998 qui l'ont porté au pouvoir: son discours radical-populiste et un brin extrémiste de la campagne lui avaient gagné des électeurs qui s'attendaient dès lors à un tremblement de terre au lendemain d'une première alternance. Or, le tremblement de terre n'a pas eu lieu et la déception de la gestion social-démocrate a été d'autant plus grande. La droite ou la gauche - bonnet blanc, blanc bonnet, se disent en gros les anciens électeurs de Zeman qui rallient en masse le camp communiste.
La deuxième leçon est une victoire de la droite qui cueille en tout une bonne moitié des suffrages. La difficulté de cette constatation consiste dans le fait que depuis novembre 1997, date de la chute de Vaclav Klaus, à la tête d'une coalition de droites, la droite reste fatalement divisée entre les pro- et les anti-klausiens. Ce scrutin montre une légère progression de la coalition des quatre, une plate-forme des anti-klausiens, face au Parti civique démocrate de Klaus, mais rien ne permet de dire que les uns pourraient se passer des autres si, dans le futur, ils voulaient former un gouvernement fort. La seule alternative réside dans des solutions d'exception et des alliances contre nature, tel l'« accord d'opposition » qui rend un peu de stabilité au cabinet minoritaire actuel.
La troisième et dernière leçon est celle de tous les électeurs. La participation électorale de 34 pour cent nous en dit assez de la fatigue des Tchèques face aux élections trop fréquentes et dont ils ne comprennent souvent même pas des enjeux. S'il existait un indicateur de « fertilité électorale » qui, dans le numérateur, aurait une satisfaction globale de l'électeur et, dans le dénominateur, le nombre total des scrutins depuis le retour de la démocratie à Prague, le chiffre résultant approcherait dangereusement de zéro.