Les éleveurs de porc tchèques se mobilisent pour défendre leur production

Photo: CTK

Les producteurs tchèques partent en guerre contre les importations de la viande de porc en Tchéquie. Ce lundi, au passage frontière tchéco-autrichien de Dolni Dvoriste, 250 manifestants ont protesté contre ces importations.

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« Halte à la viande de porc autrichienne », « Jarrets de porcs retournez dans les Alpes », c'est avec ces slogans que les manifestants ont cherché à attirer l'attention sur la situation des éleveurs de porcs tchèques qui s'estiment menacés par les importations massives et par les prix d'achat à la production trop bas de la viande de porc. Finalement, ils n'ont pas bloqué la frontière comme prévu, mais ont cherché, par des slogans, des tracts, des chansons et même en distribuant leurs produits parmi les chauffeurs traversants la frontière, à sensibiliser l'opinion à leurs problèmes. La manifestation a duré 45 minutes et s'est déroulée dans un calme relatif.

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Les manifestants ont choisi la frontière autrichienne parce que c'est de l'Autriche qu'on a commencé d'importer de grandes quantités de porc notamment pour la chaîne d'hypermarchés Interspar. Les producteurs tchèques de porc perdraient ainsi annuellement 2,4 milliards de couronnes, quelque 86 millions d'euros. Le directeur de l'Union tchèque des traiteurs de viande, Jan Katyna, rejette les arguments des importateurs affirmant que la viande importée est d'une meilleure qualité que celle que les producteurs et les traiteurs tchèques sont capables de leurs proposer.

« Nous sommes absolument au même niveau que les autres producteurs occidentaux de viande. De grands investissements ont été réalisés dans notre secteur, et les entreprises de traitement de la viande se sont hissées à un niveau élevé pour pouvoir offrir sur le marché la meilleure qualité de leurs produits. »

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Les éleveurs de porc tchèques demandent donc maintenant qu'on prenne des mesures au niveau législatif pour protéger la production agricole tchèque contre ce genre d'importations. Le ministre tchèque de l'Agriculture Petr Gandalovic ne se montre pas très favorable à ce genre d'initiatives.

« Une discussion sera engagée au Parlement tchèque sur diverses initiatives législatives concernant par exemple la compétition économique et les possibilités d'intervention contre les chaînes de distribution. J'avoue être sceptique en ce qui concerne ces initiatives parce que si l'on n'arrive pas à prouver des infractions à la compétition économique, il sera très difficile de réguler les prix ou même l'origine des articles vendus sur notre marché. »

Selon le ministre, on ne peut pas dicter aux grandes surfaces comment choisir leurs fournisseurs. Ce sont les consommateurs qui doivent dire le dernier mot.

« Ces derniers temps, nos consommateurs sont peut-être trop orientés sur le prix des produits et sont moins soucieux de leur provenance. Il ne s'agit pas seulement de savoir si c'est un produit tchèque ou étranger, il faut prendre aussi en considération que les produits de notre pays ne sont pas transportés à de longues distances, qu'on peut plus facilement identifier leur origine et apprendre de quelle ferme, de quelle entreprise de traitement ils proviennent. »

Malgré le scepticisme ministériel, les éleveurs tchèques déclarent d'ores et déjà que si leur initiative n'aboutit pas, leurs protestations vont se poursuivre d'une façon plus radicale.