Les Law Lords de Londres jugent discriminatoires les contrôles britanniques à l'aéroport de Prague

L'aéroport de Ruzyne

Les contrôles effectués par les services britanniques de l'Immigration à l'aéroport de Prague, destinés à éviter l'afflux de Roms demandeurs d'asile, sont "discriminatoires et illégaux", selon la décision de ce jeudi de la plus haute instance judiciaire britannique.

L'aéroport de Ruzyne
Les premiers contrôles britanniques à l'aéroport de Ruzyne remontent à l'année 2001. La Grande Bretagne et la République tchèque s'étaient alors entendues pour rendre possible les contrôles de citoyens tchèques désirant traverser la Manche, par des agents britanniques, sur le sol tchèque. Pour les Law Lords, la conclusion inévitable à tirer est que ces contrôles étaient « discriminatoires et illégaux de façon inhérente et systématique ». Avec cette décision, les Law Lords ont annulé un arrêt de la cour d'appel de Londres, qui avait rejeté les plaintes déposées par six Roms de nationalité tchèque, appuyées par le Bureau d'information européen sur les Roms. Selon les plaignants, les mesures extraterritoriales appliquées à Prague par le ministère de l'Intérieur étaient en fait destinées à les empêcher systématiquement de venir en Grande-Bretagne pour y demander l'asile. Elles enfreignaient en ce sens la Convention de Genève de 1976 ainsi que la loi britannique. Valeriu Nicolae est l'un des responsables du Bureau d'information européen sur les Roms à Bruxelles. Il nous a livré ses sentiments sur cette nouvelle décision, et quelles en seraient les conséquences : « Je trouve cette décision normale. La Grande Bretagne est un Etat de droit où la justice fonctionne normalement, et nous nous attendions à un tel résultat positif. Nous espérons que ce genre de décison honteuse de se focaliser sur les Roms et leur interdire leur entrée sur le territoire en raisons de 'risques potentiels' soit éliminé de la loi britannique. »

Avant l'élargissement de l'UE, les médias britanniques avaient créé un sentiment de panique, en annonçant une arrivée massive de Roms d'Europe centrale. Dans les faits, rien de cela. Valeriu Nicolae :

Photo: CTK
« C'est, encore une fois, quelque chose de particulièrement honteux. C'est honteux qu'on tolère de tels discours haineux en Angleterre, et c'est également honteux que les gouvernements tchèque et slovaque n'aient pas réagi. La presse tabloïde parlait de plus d'un million et demi de Roms en attente de venir en Grande Bretagne, alors que selon les statistiques officiels, entre mai et juin 2004, seuls 75 personnes originaires de pays où vivent des Roms ont déposé une demande d'asile. »

Soutenez-vous d'autres plaignants dans des litiges avec le gouvernement tchèque en ce moment ?

« Non, pas en ce moment. Heureusement, le gouvernement tchèque a pris certaines mesures récemment en ce qui concerne la minorité rom. Et je suis d'autre part satisfait par le fait que Vladimir Spidla, le nouveau commissaire européen tchèque à l'Emploi et aux Affaires sociales, ait nommé un expert de la question rom, et je pense que même s'il reste de nombreux efforts à faire, il y a eu des progrès certains. »