Les législatives en Allemagne... en attendant celles en Tchéquie
Les élections législatives allemandes ont figuré en première place des pages internationales de la presse tchèque de cette semaine. Nous vous en présenterons quelques extraits dans cette nouvelle revue de presse qui se penche aussi sur certains écueils liés aux prochaines élections législatives en Tchéquie. La popularité croissante de la cocaïne auprès des Tchèques d’un certain âge et la faible natalité et ses conséquences sur l’urbanisme des villes tchèques sont deux autres sujets qui seront également abordés dans cette rubrique.
« Les élections législatives en Allemagne s’inscrivent dans la série des événements qui se déroulent en Europe et qui montrent que nous sommes trop inquiets, trop incertains et fatalistes. Nous nous soumettons facilement au sentiment de résignation. Nous sommes enclins à croire que l’Europe n’arrivera pas à gérer les migrations, le terrorisme ou le Brexit, que le nationalisme est en marche, etc. Mais, après les élections présidentielles en Autriche, après les élections législatives aux Pays-Bas et après l’élection présidentielle en France, la victoire d’Angela Merkel confirme que la dislocation de l’Union européenne n’est pas à l’ordre du jour et que la démocratie, en dépit des crises et des problèmes, se maintient. »
D’après l’auteur de ce texte, les résultats des élections allemandes sont essentiels et particulièrement bons pour la Tchéquie, car « la stabilité merkelienne » pourra profiter à la stabilité tchèque. Cela pourrait également relever le moral de la société tchèque.
Les négociations en vue de former en Allemagne un gouvernement fort et solide vont probablement durer longtemps. Selon le quotidien Mladá fronta Dnes, il s’agit là de l’un des points négatifs liés aux élections législatives allemandes car, l’Union européenne, qui doit faire face aux conséquences de la crise financière et de ladite crise migratoire, en a fortement besoin. Selon le journal, ce qui est d’un autre côté positif, c’est qu’Angela Merkel, qui a assumé pleinement la responsabilité de l’ouverture des frontières allemandes aux réfugiés, soit parvenue à défendre son poste. L’auteur de l’article publié dans ses pages note en outre :
« Le gouvernement allemand sera de nouveau dirigé par une femme qui sait négocier patiemment et qui a une immense expérience politique. Dans le monde d’aujourd’hui qui est celui d’hommes politiques à l’image de Trump, de Poutine et d’Erdogan, c’est un atout important. Et c’est une bonne nouvelle, aussi, pour la République tchèque, car Merkel, à la différence de nombre de ses collègues politiques, a toujours une certaine sensibilité pour la région de l’Europe centrale et orientale. »
« Les résultats des élections législatives allemandes sont une mauvaise nouvelle pour la gauche et une bonne nouvelle pour tous ceux qui continuent à croire qu’un centre politique raisonnable existe toujours. » C’est ce que constate une analyse publiée dans le journal internet Deník Referendum. Son auteur salue le fait que l’Allemagne demeure un pays fort, pro-européen et ouvert, car « ‘Mutti’ Merkel ne changera pas et l’Allemagne demeurera un pays où il fait bon à vivre ». Et ce n’est pas une évidence d’avoir un tel pays à l’heure actuelle, conclut le journal.
Voter par protestation
Pourquoi les Tchèques veulent-ils voter par protestation ? Tel est le titre de l’éditorial de l’hebdomadaire Echo de cette semaine qui se réfère d’abord aux résultats des élections en Allemagne pour dire que même le pays européen le plus stable, leader de l’Union européenne, ne résiste pas à l’émergence de nouvelles formations d’extrême-droite. Mais tandis qu’un important tournant dans la politique de Berlin n’est pas à attendre, la menace de transformations radicales plane sur la Tchéquie. L’auteur de l’éditorial explique pourquoi :« D’après les évaluations qui ont été effectuées à l’approche des élections législatives de ce mois d’octobre, les nouvelles formations imprévisibles, de concert avec les communistes, pourraient attirer jusqu’à la moitié des électeurs. Il s’agit en premier lieu de la formation SPD de Tomio Okamura qui s’appuie sur un discours fortement anti-immigration. Son existence, tout comme celle du mouvement ANO d’Andrej Babiš, vainqueur supposé des élections, est inséparablement liée à la personnalité autoritaire de son leader. »
Les Pirates sont une autre nouvelle formation qui a une chance réelle d’être représentée à la Chambre des députés. Selon l’auteur de l’éditorial dans l’hebdomadaire Echo, ce parti ne s’appuie pas sur l’autorité de son leader mais, en dépit de son apparence assez sympathique, son discours populiste est dirigé contre l’establishment politique en vigueur. Selon cet article, cela serait en raison de leur naïveté politique et sociale que les Pirates pourraient constituer un risque.
La cocaïne en vogue parmi les Tchèques d’un certain âge
L’utilisation de la cocaïne est en hausse chez les Tchèques d’un certain âge. C’est ce que prétend, dans les pages du supplément Magazín du quotidien Mladá fronta Dnes, Jiří Presl, expert reconnu pour le traitement de l’addiction aux stupéfiants. Tout en constatant que des données précises confirmant l’augmentation de la consommation de ce psychostimulant font logiquement défaut, car ses utilisateurs veillent à garder leur anonymat, il explique :« C’est un phénomène que je vois et que j’observe tout simplement autour de moi. La cocaïne a proliférée dans des groupes sociaux où elle se faisait jusqu’ici rare. Il y a des domaines, comme les médias, la publicité ou encore la politique où les gens qui n’en ont jamais essayé font aujourd’hui figure d’exception. La cocaïne est en vogue. Elle est assez facilement accessible et la hausse du pouvoir d’achat de la population, qui se manifeste notamment à Prague, y contribue. Ce qui est nouveau, c’est que la cocaïne qui était auparavant une drogue des jeunes adultes, s’est répandue parmi les gens de plus de cinquante et de soixante ans. »
Jiří Presl rappelle la grande popularité dont la cocaïne jouissait dans le pays déjà durant la période de l’entre-les-deux-guerres, où elle était consommée en premier lieu dans les milieux artistiques. Largement tolérée, elle n’avait pas alors le goût de l’interdit qu’elle a aujourd’hui. Mais ce que la cocaïne d’hier et celle d’aujourd’hui ont en commun, c’est son prix élevé ce qui accentue son exclusivité. L’expert interrogé rapporte en outre que dans le domaine des drogues, la situation en Tchéquie est généralement bonne et stable. La preuve : le nombre de personnes dépendantes n’augmente pas, l’âge moyen des consommateurs de stupéfiants ne baisse pas, et les maladies contagieuses ne prolifèrent pas.
Mais où sont les enfants ?
Les enfants sont presque absents des rues tchèques. Une observation faite et développée dans les pages du magazine Reflex à l’issue de la promenade de l’un de ses journalistes à Prague :« Même dans l’après-midi, au moment où les écoles sont fermées, on ne voit que très peu d’enfants dans les rues qui sont pleines de personnes adultes. La possibilité de voir un jeune parent avec une poussette est presqu’aussi sporadique. Dans des localités où les enfants étaient dans le passé habitués à jouer en grand nombre, il n’y a aujourd’hui que des gens pratiquant le jogging ou le cyclisme. Nous sommes civilisés au point d’être menacés d’extinction. Le fait qu’en 2015 les statistiques tchèques ont recensé 1,53 accouchement pour une femme en dit d’ailleurs long. Mais il est vrai qu’une tendance identique caractérise l’ensemble du monde développé, la situation dans certains pays d’Europe centrale étant encore pire que chez nous. Comme on le sait, les pays en développement n’affrontent pas en revanche un tel problème. »
L’auteur de l’article en déduit que plus les pays sont développés et riches, moins leurs habitants semblent être prêts à mettre au monde un enfant. Les gens seraient-ils aujourd’hui paresseux au point d’éviter même de faire l’amour ?, s’interroge-t-il enfin sur un ton ironique.