Les effets supposés d’une levée de l’immunité parlementaire pas comme les autres

Andrej Babiš et Jaroslav Faltýnek, photo: ČTK

La levée de l’immunité parlementaire d’Andrej Babiš et de Jaroslav Faltýnek du mouvement ANO a fait les gros titres de la presse tchèque lors de la semaine écoulée. Une presse qui se penche aussi sur certaines attentes liées à la rentrée scolaire, sur ce qu’il convient de retirer du duel électoral entre Angela Merkel et Martin Schulz en Allemagne voisine ou encore qui s’interroge sur le comportement à adopter alors que l’eau se fait de plus en plus rare.

Andrej Babiš et Jaroslav Faltýnek,  photo: ČTK
La levée de l’immunité parlementaire d’Andrej Babiš et de Jaroslav Faltýnek, respectivement président et vice-président du mouvement libéral ANO, décision prise par les députés qui permettra d’engager des poursuites judiciaires à l’encontre des deux hommes, aura-t-elle des retombées sur le choix des électeurs en octobre prochain lors des élections législatives ? Une analyse publiée sur le site du quotidien Hospodářské noviny observe que répondre à cette question n’est pas chose aisée :

« La position d’Andrej Babiš ne semble pas fragilisée, du moins pas dans les proportions espérées par ses adversaires. Une nouvelle fois, l’ancien ministre des Finances a fait l’étalage de sa force dès lors qu’il s’agit de passer à l’offensive ou d’être sur la défensive. Il a d’ailleurs lui-même demandé à la Chambre des députés de lever son immunité. Il convient de noter aussi la solidarité des députés ANO lors du débat très animé mercredi. Ils ont défendu corps et âme leur chef pour en faire la victime d’un complot politique. C’est une stratégie qui semble être ingénieusement conçue et qui pourrait finalement profiter à Andrej Babiš, et ce en dépit de l’affaire dite du ‘Nid de cigognes’ et des soupçons de détournement de subventions européennes qui pèsent sur lui. »

Andrej Babiš chercherait ainsi à donner aux élections législatives des 20 et 21 octobre prochains une dimension fatale marquée par un conflit entre le Bien et le Mal. C’est d’ailleurs ce que suggère le titre du programme du mouvement ANO : « Maintenant ou jamais ». L’auteur du texte mis en ligne sur le site ihned.cz rapporte enfin que selon le dernier sondage de l’agence Median, le noyau dur des sympathisants du mouvement ANO a enregistré une baisse de près de 4%.

Une nouvelle rentrée scolaire pour le bonheur des uns et le malheur des autres

Photo illustrative: Lucie Maxová,  ČRo
Les grandes vacances de deux mois terminées, les enfants tchèques se réjouissent-ils de la nouvelle rentrée scolaire ? Pour connaître la réponse, la société Kalibro a mené durant cinq ans un sondage qui révèle que le sentiment des écoliers dépend avant tout de leur âge. Tandis que la majorité des enfants du début du cycle primaire ont plaisir à aller quotidiennement à l’école, cet enthousiasme s’affaiblit avec les années qui passent. Le site aktualne.cz remarque à ce sujet :

« C’est un constat logique. Au début, les enfants apprennent sans cesse des choses nouvelles, tandis leur curiosité s’amoindrit au fur et à mesure. Autre facteur : plus les enfants grandissent, plus le cercle de leurs intérêts extra-scolaires s’élargit. Mais de l’avis des psychologues, le problème est plus grave et doit être rattaché au système scolaire tel qu’il est conçu en Tchéquie, c’est-à-dire basé sur le principe de la concurrence, de l’efficience et du succès. C’est un système qui démotive souvent les enfants peu ambitieux et ceux qui ne sont pas suffisamment soutenus par les pédagogues ou leur famille. »

Initier et développer la créativité des enfants est un autre impératif qui, pourtant, n’est pas encore pris en compte dans tous les établissements scolaires. Le sondage effectué révèle également que près d’un tiers des écoliers âgés de neuf ans et plus de la moitié de ceux de plus de douze ans prétendent s’ennuyer à l’école. L’ennui est donc un sentiment qui s’est considérablement approfondi au cours des cinq années écoulées. Un point positif néanmoins à retenir : les enfants ont désormais le sentiment d’avoir des enseignants plus justes dans leurs jugements et évaluations qu’ils ne l’étaient autrefois.

Le duel Merkel – Schulz vu de Tchéquie

Angela Merkel et Martin Schulz,  photo: ČTK
« Il est regrettable qu’aucune chaîne de télévision tchèque n’ait retransmis en direct le débat électoral entre Angela Merkel et Martin Schulz » : tel était le titre d’une analyse publiée dans l’hebdomadaire Reflex. Son auteur explique pourquoi :

« La migration, l’islam, l’intégration des ressortissants étrangers, l’entrée de la Turquie dans l’UE, la Russie ou le péage sur les autoroutes allemandes sont autant de thèmes qui touchent aussi, dans une grande mesure, la République tchèque. On sait que la chancelière allemande a agacé beaucoup de Tchèques par sa prise de position en 2015 sur l’immigration illégale. C’est pourquoi il serait intéressant pour eux de voir comment la femme la plus influente du monde et la chef d’un pays voisin arrive à défendre ses démarches. »

Digne d’intérêt est également le niveau de la culture politique qui, selon l’hebdomadaire Reflex, se trouve « à des années-lumière éloignée de la nôtre ». A la différence des dernières élections américaines et françaises, et de la campagne électorale tchèque, aucun des deux participants n’a eu recours à des attaques injustes et aucun scandale concernant les deux protagonistes n’a été mis en relief. L’auteur de ce texte écrit enfin :

« Le spectateur tchèque aurait du mal à comprendre la façon dont le débat entre Merkel et Schulz a été mené. Son format ayant été unique, les plus grandes chaînes de télévision allemandes se sont mises d’accord pour être représentées chacune par un animateur. Ce consensus entre chaînes privées et publiques est inimaginable dans les conditions tchèques. Il est vraiment dommage que le spectateur tchèque n’ait pas pu avoir sur une chaîne locale le témoignage que non seulement cela est possible, mais aussi que cela peut se faire dans le calme. »

L’eau, une commodité rare

Photo: Kristýna Maková
Un dicton tchèque prétend que le sel vaut plus que l’or. Tel est d’ailleurs aussi le titre d’un conte de fées tchèque populaire. Mais aujourd’hui, on devrait plutôt souligner que c’est l’eau qui vaut plus que tout, comme le prétend un texte publié dans le quotidien Lidové noviny. Un texte dans lequel un enseignant universitaire réfléchit sur les défis à relever au moment où l’abondance d’eau n’est plus une évidence, pas même en Europe centrale. Il écrit :

« Dans le contexte mondial, et à la lumière du fait que plus d’un milliard de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’eau potable, il convient de rappeler que notre région dispose d’une position géographique privilégiée. Néanmoins, les avertissements que nous a apportés cet été chaud et sec, ont impressionné non seulement les experts, mais aussi le grand public. Celui-ci l’a concrètement ressenti, car de nombreuses communes ont été contraintes d’interdire l’arrosage des jardins et des pelouses, de remplir les piscines, d’utiliser les conduites d’eau publiques pour laver les voitures. L’effet de la sécheresse sur la récolte se traduira par une augmentation des prix de certains produits alimentaires. »

Pour autant, estime l’auteur, l’heure n’est pas encore à la panique. Ce qu’il faut, c’est commencer à se comporter raisonnablement, car l’eau n’est plus et ne sera plus jamais une chose qui nous est donnée presque gratuitement et donc pratiquement sans aucune valeur.

A qui sont destinés les concerts de musique classique

Photo: Archives de Radio Prague
En Tchéquie, l’auditoire des concerts de musique classique est habituellement composé de gens d’un certain âge. Dans un entretien pour l’hebdomadaire Respekt, Radek Baborák, chef d’orchestre et corniste mondialement reconnu, ancien membre de la Philharmonie de Berlin, affirme comprendre cette réalité :

« Le temps de deux heures que dure un concert, la musique classique est capable de transposer le public ailleurs, dans un espace hors du temps. Savoir communiquer avec la musique nécessite une certaine expérience et donc d’avoir un certain âge. Il existe bien entendu des personnes douées qui sont capables de percevoir la musique dès leur plus jeune âge. Mais elles font plutôt figure d’exception, car la musique classique nécessite une certaine discipline et un vécu émotionnel qui sont quand même propres à un auditoire moins jeune. »

Un des rêves que le corniste tchèque entretient est d’édifier à Prague une nouvelle salle de concert moderne, équipée selon les standards occidentaux ou japonais et dotée d’un nouvel orchestre.