Les minorités en Tchéquie pourraient être autorisées à se marier dans leur propre langue
Actuellement, les personnes issues de minorités vivant en République tchèque peuvent se marier civilement uniquement en tchèque. Seulement, cette pratique pourrait bientôt changer. En effet, la chambre basse du Parlement doit débattre d'un amendement à la loi sur les registres des naissances qui permettraient aux Slovaques, aux Polonais, aux Vietnamiens ainsi qu’aux autres minorités vivant dans le pays, de célébrer leur union dans leur langue maternelle.
Jusqu’en 2015, les minorités vivant en République tchèque avaient l’autorisation de se marier dans leur langue maternelle. Mais cette année-là, le ministère de l'Intérieur a publié une analyse juridique jugeant cette pratique illégale. La loi actuelle sur les registres de naissance, les noms et prénoms, stipule donc que les mariages civils ne peuvent être célébrés qu'en tchèque.
La députée du Parti chrétien-démocrate Pavla Golasowská, elle-même originaire de Třinec, une ville située à la frontière tchéco-polonaise, a proposé un amendement concernant la législation actuelle, qui autoriserait les mariages dans d'autres langues.
« J'ai profité de l'opportunité, du fait que la loi sur les registres des naissances est actuellement en deuxième lecture à la chambre basse, pour présenter ma proposition qui vise à renouveler la possibilité d'organiser des mariages dans une langue minoritaire. L’amendement comporte deux conditions. La première est un seuil de 10% pour une minorité donnée. La seconde est que l’agent public chargé du mariage et le greffier doivent tous deux parler la langue de cette minorité. »
Mariusz Walach, président du Congrès des Polonais de République tchèque, qui représente la minorité polonaise dans les négociations avec le gouvernement tchèque, a déclaré qu'ils accueilleraient favorablement ce changement.
« Nous saluons ce changement, c'est pour nous une évidence. Depuis que les Polonais ont été reconnus en tant que minorité dans ce pays après la Première Guerre mondiale, nous avons toujours eu ce droit. Quand je me suis moi-même marié, je ne pouvais pas imaginer que la cérémonie soit dans une autre langue que le polonais, ma langue maternelle. Le fait que cela ait été soudainement rendu impossible nous a pris par surprise. Donc, si l'amendement est approuvé, nous serons bien sûr très heureux. »
Dans le même temps, Mariusz Walach souligne que de nombreux Polonais préfèrent se marier religieusement, ce qui permet à la cérémonie de se dérouler dans leur langue maternelle.
Marcel Winter, chef de la communauté tchéco-vietnamienne, estime que si certains membres de la communauté vietnamienne accueilleraient favorablement ce changement, la plupart d'entre eux ont déjà trouvé leur propre solution au problème.
« Les Vietnamiens ont déjà trouvé une solution afin de célébrer leur mariage dans leur langue maternelle. Ils ont en fait deux mariages. Le mariage officiel a lieu en République tchèque, puis ils partent pour le Vietnam pour une seconde cérémonie où sont présents leurs proches. »
Parmi les minorités qui respecteraient également le seuil de 10% pour que les mariages civils aient lieu dans leur propre langue, on trouve encore les Slovaques, la plus importante minorité en République tchèque et les Roms.
L'amendement sur les registres de naissance, les noms et prénoms, devrait être débattu par la chambre basse en septembre, lorsque les députés se réuniront à nouveau après pause estivale.