Les mystères des noms de famille en République tchèque (1ère partie)

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Salut à tous les tchécophiles de Radio Prague - Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha ! Qui sont les, Durand, Dupond(t) et autres Martin, Petit, Leroy ou Moreau tchèques ? Ou, si vous préférez, quels sont les noms de famille - příjmení, les plus portés en République tchèque ? Telle est la question à laquelle nous allons tâcher de répondre au cours d'une nouvelle petite série d'émissions. Pour cette fois, nous allons essayer de comprendre pourquoi hommes et femmes tchèques, tout en portant le même nom, portent un nom pourtant différent dans la forme...

Novák - Nováková, Svoboda - Svobodová, Novotný - Novotná, Dvořák - Dvořáková, Černý - Černá, Procházka - Procházková, Kučera - Kučerová, Veselý - Veselá, Horák - Horáková, et enfin Němec - Němcová. Tels sont dans l'ordre décroissant, les dix noms de famille les plus portés en République tchèque. Première remarque, vous n'aurez pas manqué de constater que vingt noms et non pas dix figurent dans cette liste, et ce pour une raison très simple, puisque la langue tchèque veut que lorsque une femme porte un nom de famille, le suffixe« -ová » soit ajouté à ce nom. Ce suffixe a deux fonctions princiaples : la première est qu'il permet de distinguer à la seule lecture ou prononciation du nom s'il s'agit d'un homme ou une femme. Ainsi, sans même connaître le prénom de la personne en question, les Tchèques savent que Novák, pour citer le nom de famille le plus répandu dans le pays, est forcément monsieur, tandis que Nováková sera madame, la femme ou la fille de monsieur Novák. La seconde fonction, elle aussi très importante, permet de décliner ce nom. Comme vous le savez peut-être déjà, la langue tchèque possède en effet sept cas de déclinaison qui s'appliquent aux substantifs, adjectifs, pronoms, ainsi donc qu'aux prénoms et noms de famille.

A noter cependant qu'aujourd'hui, la loi permet à une femme qui en fait la demande de retirer ce suffixe « -ová » de son nom. Quant aux femmes tchèques qui se marient avec un étranger et décident d'adopter et de porter le nom de leur mari, elles ne sont pas obligées d'ajouter ce suffixe. Ainsi, si une Tchèque, par exemple Tereza Nováková, se marie avec un Jean-Michel Martin ou Alain Petit, elle pourra choisir entre s'appeler Tereza Martinová et Tereza Martin ou entre Tereza Petitová et Tereza Petit. Toujours à propos de la transmission du nom de famille, précisions encore pour être complets que, comme en France d'ailleurs, en République tchèque le port du nom de famille n'est qu'un usage. Une femme peut donc décider de conserver son nom de jeune fille, mais on peut également accoler le nom de son époux ou de son épouse à son propre nom. Dans ce cas de figure, notre chère Tereza Nováková pourra devenir Tereza Nováková-Martinová ou Tereza Nováková-Martin et inversement. Quant à Jean-Michel Martin, s'il décide de prendre le nom de sa femme tchèque, il deviendra logiquement Jean-Michel Novák et non pas Jean-Michel Nováková.

Enfin, autre chose curieuse qu'il convient encore de signaler à propos du suffixe « -ová » : même si Tereza Nováková, en se mariant à un étranger, s'appelle désormais Tereza Martin ou Petit et a donc décidé de supprimer le suffixe « -ová », si l'enfant du couple est une fille et naît en République tchèque, cette petite fille se verra automatiquement attribuer à sa naissance le suffixe et donc le nom de Martinová ou Petitová. C'est alors aux parents de faire les démarches administratives permettant à leur fille de porter le même nom qu'eux en supprimant le suffixe.

Pour clore tout à fait le sujet, sachez encore qu'une femme étrangère qui effectue une visite en République tchèque verra ou entendra le suffixe « -ová » collé à son nom, notamment dans les médias. Il ne s'agit pas toutefois d'une attribution officielle. Ainsi, si madame ou mademoiselle Nathalie Petit fait une démarche pour obtenir par exemple un permis de séjour, elle restera Nathalie Petit. En revanche, et cette remarque est essentiellement valable pour les personnalités, si une chanteuse, par exemple, vient donner un concert en République tchèque, on lui ajoutera généralement le suffixe « -ová ». La célèbre Edith Piaf, considérée encore aujourd'hui comme le symbole de la chanson française, devient ainsi Edith Piafová. Et cela afin de faciliter la déclinaison du nom et de permettre une meilleure compréhension.

C'est donc avec le nom d'Edith Piaf écorché en Piafová (avouons quand même que ça surprend un peu au début...) que prend fin ce « Tchèque du bout de la langue », premier numéro d'une petite série consacrée aux noms de familles portés en République tchèque. En attendant de poursuivre nos découvertes dès la semaine prochaine, portez-vous du mieux possible -mějte se co nejlíp !, portez le soleil en vous - slunce v duši, salut et à bientôt - zatím ahoj !