Les nouveaux ministres haussent le ton

Après les déclarations du ministre des Finances sur le projet de loi budgétaire où l'ancien gouvernement aurait intentionnellement diminué le montant du déficit, le ministre de l'Intérieur affirme que les politiciens et même les journalistes étaient sur écoute commandées par l'ancien gouvernement. Le ton monte de la part des membres d'un gouvernement qui n'a toujours pas la confiance des députés.

C'est le temps des « grandes révélations » dans les médias tchèques. Révélations de qui et sur quoi ? Sur un déficit bugétaire énorme, mais dissimulé par l'ancien ministre des Finances social-démocrate. Sur les écoutes pratiquées par l'ancien gouvernement de Jiri Paroubek envers certains politiciens et journalistes. Révélations, mais aussi offensives des nouveaux ministres, comme celles du chef de la diplomatie en ce qui concerne les visas américains pour les ressortissants tchèques ou l'accession de la République tchèque à l'espace Schengen. On ne peut que constater que le nouveau gouvernement, constitué en majeure partie de membre du Parti civique démocrate, leader de la droite tchèque, est des plus actifs, même en n'ayant pas encore présenté son programme d'action à l'accord des députés et ne s'étant pas soumis au vote de confiance. Confiance des députés ? Le Premier ministre, Mirek Topolanek, a laissé entendre qu'il pouvait gouverner même sans la confiance des députés, la Constitution tchèque le lui permettant. Sur les pages de la grande presse tchèque, certains juristes ont émis des réserves, d'autres seraient persuadés que cela est possible. Il est normal qu'un nouveau gouvernement fasse le ménage dans les institutions occupées par le gouvernement précédent. Pourtant nombre de questions planent par exemple sur la révocation éclair du directeur du Théâtre national par le nouveau ministre de la Culture, immédiatement après son entrée en fonction. Bien que relatant à la une et sur de nombreuses autres pages les mises sur écoute des politiciens et de certains journalistes, présentées comme un scandale par le ministre de l'Intérieur, Ivan Langer, les commentateurs restent sur la réserve. Bob Fliedr, dans le quotidien national Lidove noviny, va même jusqu'à poser la question en titrant son article : « Ivan Langer n'est plus un ministre dans l'ombre (appellation donnée en Tchéquie aux membres de l'opposition qui pourraient devenir ministres dans le cas de la victoire de celle-ci aux législatives). Le sait-il ? » Il constate, en effet, que les propos d'un ministre dans l'ombre peuvent paraître quelque peu déplacés quand ils sont formulés par un ministre en exercice. En ce qui concerne les éventuelles mises sur écoute commandées par l'ancien gouvernement social-démocrate, le même quotidien publie la déclaration de l'ancien Premier ministre, Jiri Paroubek, qui dément catégoriquement avoir eu recours à de telles pratiques... Enfin, après plus de deux mois de léthargie suite au match nul qui a suivi les législatives de juin, on ne peut se plaindre :« Cela bouge sur la scène politique tchèque » !