La police anti-corruption veut empêcher les fuites dans la presse dans les dossiers sensibles
La police de lutte contre la corruption va limiter le nombre de ses membres qui pourront avoir accès aux dossiers relatifs aux enquêtes menées sur des hommes politiques. De même que les membres du comité des immunités du Parlement. Objectif : empêcher les fuites dans les médias.
Ces derniers temps, deux affaires sensibles font la une des médias. Dans les deux cas, des fuites de documents de l’enquête ont eu lieu. Ainsi dans le cas du député social-démocrate David Rath, poursuivi pour corruption, et dans celui de l’ancienne ministre de la Défense Vlasta Parkanová, sous le coup de soupçons similaires dans le cadre de l’achat d’avions militaires CASA. En ce qui concerne notamment David Rath, pour lesquels les députés ont voté le retrait de son immunité afin de laisser libre cours à l’enquête, des retranscriptions d’écoutes téléphoniques ont été publiées dans la presse. C’est ce type de fuites que la police anti-corruption souhaiterait éviter à l’avenir…
Le chef de cette unité, Tomáš Martinec, a présenté six propositions à Bohuslav Sobotka (ČSSD), à la tête du comité des immunités du Parlement. Cinq de ces propositions concernent justement ce comité, sollicité lors des cas de retrait de l’immunité d’un député.« Une de ces mesures concrètes concerne l’accès aux copies des documents. A l’avenir, ceux-ci ne seront plus photocopiés, ils ne resteront à la disposition que d’un seul membre du comité des immunités ou du secrétaire du comité. Quant aux autres propositions, M. Sobotka souhaite en discuter avec le comité. Dès que tous ses membres seront tombés d’accord avec mes propositions, ces mesures pourront être mises en place. »
S’il faudra attendre donc encore un temps pour qu’elles soient mises en œuvre, Bohuslav Sobotka, de son côté, se dit tout-à-fait favorable aux mesures proposées par le chef de la police anti-corruption :
« Le comité des immunités du Parlement va discuter des propositions de M. Martinec au début du mois de septembre et prendra une décision. J’informerai la police de cette décision, afin que nous puissions aussitôt fixer les règles relatives à la circulation des documents. »Le chef de la police anti-corruption se défend de vouloir limiter la transparence de la procédure de demande de retrait d’immunité, mais souhaite avant tout éviter des fuites qui compliquent le travail des enquêteurs. D’ailleurs, la police elle-même devrait être concernée, et l’accès au dossier sera également limité au sein même de l’unité chargée de l’affaire en cours. Tomáš Martinec :
« Avec Bohuslav Sobotka, nous avons discuté du fait que quoi qu’il en soit, il n’y a pas que les enquêteurs et les membres du comité qui rentrent en contact avec les dossiers. De nombreuses autres personnes ont accès au dossier lorsqu’il y a inculpation, donc les fuites peuvent venir d’ailleurs. Dans le cas de David Rath, il y a eu des fuites concernant les retranscriptions d’écoutes téléphoniques et le problème est qu’il y était fait mention de personnes qui, à ce moment, n’était pas encore poursuivies par la police. Ce qui est en effet une situation problématique. »Martin Březina, commentateur au quotidien Lidové Noviny, estime pour sa part que l’idée est bonne, mais difficilement réalisable en pratique :
« Bien entendu, cela a du sens. Ce n’est ni dans l’intérêt de la police, ni dans celui du Parlement que les documents qui parviennent à ce dernier, se retrouvent le lendemain dans la presse. Cet effort est compréhensible et légitime, mais je suis plutôt sceptique sur son application. Il n’est guère possible de punir un député responsable d’une fuite que par une amende. Et encore faudrait-il prouver qu’il est bel et bien à l’origine de la fuite. »
L’avenir dira donc, par voie de presse, si oui ou non, ces mesures visant à limiter les fuites, auront leur efficacité.