Les nouvelles dimensions de l'affaire Cunek

Jiří Čunek, foto: ČTK

L'affaire du vice-premier ministre tchèque Jiri Cunek est officiellement terminée mais en réalité elle continue à alimenter la presse nationale. La majorité des commentateurs estiment que les explications du procureur de la ville de Jihlava, qui a arrêté la procédure judiciaire contre Jiri Cunek, ne sont pas suffisantes.

Jiri Cunek,  photo: CTK
Le vice-premier ministre et ministre de l'Aménagement du territoire Jiri Cunek a été accusé d'avoir accepté, en 2002, à l'époque où il était encore maire de la ville de Vsetin, un dessous de table de 500 000 couronnes. Aujourd'hui, il devrait être donc blanchi de tout soupçon mais la décision du procureur Arif Salichov d'arrêter la procédure judiciaire contre lui a déclenché un tollé dans l'opposition et une avalanche de spéculations dans la presse. L'opposition estime qu'il s'agit d'une affaire manipulée par le gouvernement pour lequel la déculpabilisation de Jiri Cunek est une question de survie. Elle critique surtout la décision de la procureure générale Renata Vesecka de dessaisir de cette affaire le procureur de Prerov Radim Obst et de la confier à Arif Salichov, décision qui, selon l'ancienne procureure générale Marie Benesova, était tout à fait inhabituelle et contraire à la loi. Selon le président de la Chambre des députés Miloslav Vlcek, l'affaire sera de nouveau discutée au Parlement.

« Nous allons demander une convocation de la procureure générale Renata Vesecka devant la Commission constitutionnelle et juridique de la Chambre des députés. Nous lui demanderons qu'elle nous explique la décision du procureur Salichov. Nous allons demander également que le ministre de l'Intérieur Ivan Langer définisse devant la Commission de la sécurité les mesures que l'inspection du ministère de l'intérieur adoptera vis-à-vis de l'enquêteur Milan Sosovicka. »

Le procureur Arif Salichov,  photo: CTK
La social-démocratie envisage également de préparer une loi qui assurerait une plus grande indépendance aux procureurs de la République afin que les hommes politiques ne puissent pas influencer leurs décisions. Marcela Urbanova, ancienne secrétaire de Jiri Cunek, qui l'a accusé d'avoir accepté le pot-de-vin et qui est le principal témoin dans cette affaire, ne veut pas rendre les armes. Accusée indirectement par le procureur Salichov d'avoir menti, elle cherchera avec son avocate à obliger Jiri Cunek à porter plainte contre elle pour faux témoignage. Cela permettrait de relancer l'affaire depuis le début. De même, les enquêteurs accusés publiquement par Arif Salichov d'avoir manipulé l'instruction envisagent de porter plainte contre le procureur de Jihlava. Force est de constater que l'affaire qu'on croyait terminée prend de l'ampleur et révèle des failles dans les structures de la justice tchèque.