Les ondines des deux étangs
Deux étangs s'étalent au pied du petit château de Zaluzi, à Pohorsko, région du piémont du massif de la Sumava, située à la frontière entre la Bohême et la Bavière. Le plus vaste des deux étangs s'appelle Pancak. Les arbres, l'herbe grasse, les brumes matinales et la fraîcheur de l'eau en font un endroit magique. Voilà probablement la raison de l'existence de nombreux contes et histoires.
Il y a bien longtemps, qu'un cousin éloigné rendit visite au propriétaire du château. Le maître de la maison, il fit visiter le domaine à son parent. Le cousin s'extasia sur le charme du château et de la région. Il trouvait les deux étangs particulièrement attrayants. Le seigneur du château de Zaluzi fut flatté. Pourtant, il tint à mettre en garde son invité : "La nuit, tu verras probablement des jeunes filles d'une beauté irrésistible danser sur la surface des deux étangs. Tu peux t'approcher, les regarder, mais ne rentre surtout pas dans l'eau et n'essaie pas de les attraper ou même de les toucher!". Le cousin promit de respecter le conseil de son hôte. Mais, en lui-même, il pensait qu'il s'agissait probablement de quelques paysannes qui venaient se baigner la nuit. Curieux, il monta aussitôt dans sa chambre, s'appuya à la fenêtre et attendit la tombée de la nuit. Dès que la lumière du jour disparut, il vit des jeunes filles sortir de la forêt. Elles se dirigeaient vers l'étang, le pied léger à peine touchant le sol. Le cousin sortit rapidement dehors et se dirigea silencieusement vers l'étang. Couvert par un buisson épais, il put voir sans être vu. Les jeunes filles étaient vraiment très belles. Elles étaient incroyablement fines et gracieuses. Une cascade de cheveux d'un blond cendré leurs descendait jusqu'aux genoux. La peau était fine, presque translucide. Le regard des yeux vert émeraude ou bleu turquoise des ravissantes créatures se perdait au lointain. Elles dansaient gracieusement au son d'une musique inaudible. Curieux, le cousin du seigneur de Zaluzi descendit mi-cuisses dans l'eau et s'avança doucement vers les jeunes filles. Surpris, il remarqua que leurs pieds effleuraient la surface de l'eau sans s'enfoncer. "Des ondines", pensa-t-il stupéfait. Il hésita un bref instant, mais finalement ne résista pas à la tentation de les approcher et d'en toucher au moins une. Les créatures tournoyaient régulièrement sur la surface de l'étang Pancak, se rapprochant et s'éloignant du cousin, caché derrière les roseaux. Lorsqu'une des sublimes créatures s'approcha en dansant, le jeune homme se pencha et l'effleura. A l'instant même l'étang se transforma en un marécage et les ravissantes ondines en d'immondes gnomes. Avec un rire infernal les gnomes déchiquetèrent le jeune homme. Le lendemain matin le seigneur de Zaluzi retrouva les restes de son cousin. Il le fit enterrer discrètement dans la forêt.
Eh oui ! Il y existe bien des choses sur cette terre qu'il vaut mieux regarder sans les approcher et sans les toucher.