Les « -ová » des noms de famille au féminin (3e partie)
Salut à tous les tchécophiles de Radio Prague – Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha ! Nous revenons cette semaine à notre petite série consacrée à la « féminisation » des noms de famille, une particularité de la langue tchèque et de quelques autres langues slaves. Vous le savez désormais, l’usage de la langue tchèque veut que soit généralement ajouté le suffixe « -ová » (ou la terminaison « -á » dans certains cas) aux noms de famille portés par les femmes, et ce que ces patronymes soient tchèques ou étrangers. Lors des deux premières émissions sur le sujet, nous avions d’abord expliqué l’utilité de cette règle pour la grammaire tchèque avant de nous intéresser plus particulièrement aux noms d’origine étrangère. Pour cette fois, nous allons nous attacher à présenter les différents points de la loi tchèque qui autorise, dans certains cas bien définis, les femmes à ne pas « féminiser » le nom de leur mari.
De fait, le choix de Kateřina Emmons est un choix que font désormais beaucoup de femmes tchèques au moment de prendre pour époux un étranger. Un choix qui est possible depuis quelques années grâce à l’adoption d’une nouvelle loi en 2004.
Un des paragraphes de cette loi sur l’état-civil, les prénoms et les noms de famille indique en effet très précisément les cas de figure dans lesquels une femme n’est pas forcément tenue de « tchéquiser » le nom de famille de son mari, c’est-à-dire d’y ajouter ce fameux suffixe le féminisant. Toutefois, pour cela, il faut que la femme en fasse la demande avant le mariage, sans quoi le suffixe « -ová » est automatiquement ajouté par les autorités tchèques. Voici les quatre cas de figure en question mentionnés par la législation tchèque qui permettent à une femme de formuler une demande pour qu’elle puisse porter le nom de son mari sans que celui-ci soit modifié :
Premièrement, si la femme qui se marie sur le territoire tchèque est une étrangère. Deuxièmement, s’il s’agit d’une femme de nationalité tchèque qui possède ou possèdera un permis de séjour permanent dans un pays étranger. Troisièmement, s’il s’agit d’une femme tchèque dont le mari est un étranger. Et enfin, quatrièmement, s’il s’agit d’une citoyenne qui est d’une nationalité autre que la nationalité tchèque.Dans tous les autres cas, le nom de famille doit donc être féminisé. Précision importante toutefois : lors de l’inscription à l’état-civil d’un enfant de sexe féminin, les parents doivent faire une demande s’ils souhaitent que leur fille porte le même nom qu’eux. En effet, si pour reprendre l’exemple de Kateřina Emmons, celle-ci venait à accoucher d’un petite fille en République tchèque, l’enfant serait automatiquement appelé Emmonsová par l’administration et porterait ainsi un nom différent dans la forme que celui de ses parents ! Cela peut paraître incroyable, mais c’est pourtant bel et bien la réalité… Il convient donc d’entreprendre les démarches nécessaires pour que la petite fille porte le même nom que son papa étranger et que celui qu’a choisi sa maman avant de se marier.
C’est sur ce constat qui peut sembler être une aberration que s’achève ce « Tchèque du bout de la langue ». Nous reviendrons encore une dernière fois sur le sujet lors d’une prochaine émission. En attendant, portez-vous du mieux possible – mějte se co nejlíp !, portez le soleil en vous – slunce v duši, salut et à bientôt – zatím ahoj !