Les perles de Noël tchèques en verre inscrites au « patrimoine culturel immatériel » par l'UNESCO
Les décorations de Noël qui ont fait la renommée du village de Poniklá, viennent d'être ajoutées à la célèbre liste du patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO.
Situé dans la région de Liberec au nord-est de Prague, le petit village de Poniklá datant du XIVe siècle a été un centre de tissage pendant des centaines d’années. C’est à la fin du XIXe siècle que la situation a commencé à changer avec l’apparition d’une technique de fabrication du verre unique en son genre : le soufflage de perles creuses avec des tubes en verre.
Une histoire d’amour est à l’origine de cette façon de travailler le verre. Un souffleur de verre nommé Hejna de la ville de Jablonec nad Nisou est tombé amoureux d'une fille de Poniklá et s’y est donc installé dans le village. Par la suite, il a recruté quelques tisserands pour l’aider à souffler des perles de verre, décorées des motifs argentés et dorés. Au fil du temps, l'artisanat s'est répandu dans le village, et le soufflage de perles a été complété par d'autres procédés tels que l’argenture et la découpe du verre.
En 1902, un entrepreneur du nom de Stanislav Horna a fondé la première entreprise de soufflage de perles de verre à Poniklá, qui fonctionnait selon le principe de la sous-traitance : le propriétaire fournissait les matières premières aux artisans, qui retournaient les produits semi-finis pour un traitement ultérieur. Les perles étaient ensuite envoyées à des coupeurs et des fileurs indépendants. Une fois finies, elles retournaient à l'entreprise de Horna pour être emballées et expédiées.
Au terme d’un processus long de plusieurs années, le verre soufflé de Bohême du Nord vient d'être officiellement reconnue par les Nations Unies jeudi 17 décembre. Marek Kulhavy est à la tête de la société Rautis qui perpétue cette tradition unique.
« D'abord, nous faisons fondre un tube de verre au-dessus du brûleur, que nous mettons ensuite dans un moule, puis nous soufflons de l'air à l’aide de nos pieds et formons le tube de perle. C'est ainsi que cela se fait ici depuis la seconde moitié du XIXe siècle. Nous avons repris la tradition de la famille Horna et fabriquons les perles et les ornements de la même manière. Les gens se transmettent nos décorations de Noël de génération en génération. Chacune a une histoire et devient une sorte de chronique familiale. C'est un travail délicat exigeant de la dextérité manuelle, mais qui en vaut vraiment la peine. »
À son apogée, du début du XXe siècle jusqu'à la Première Guerre mondiale, Poniklá et ses alentours comptaient environ 400 fabricants de perles de verre. Plusieurs entreprises de Jablonec exportaient les perles dans le monde entier, principalement pour la bijouterie et la décoration de vêtements.
À l'origine, les perles de verre soufflées étaient surtout utilisées pour décorer les costumes folkloriques en Allemagne, en Autriche et ailleurs. Suite à une chute des ventes de perles, en partie parce qu'un concurrent japonais inondait le marché avec des copies, un nouveau produit a été introduit en 1912 : les décorations de Noël en perles de verre, nouvellement à la mode à cette époque en Europe centrale.
Le processus de soufflage et de décoration des ornements, bien que réalisé à plus grande échelle, a peu changé depuis le XIXe siècle. Aujourd’hui géré par l’entreprise Rautis, Poniklá est le seul endroit au monde où l'artisanat traditionnel de la fabrication de perles de verre à la main a été préservé.
Les touristes peuvent y observer l'ensemble du processus de fabrication : comment les perles sont soufflées dans des tubes de verre, puis argentées, colorées et coupées, et enfin assemblées en boules de Noël.
Au total, quelque 600 modèles sont proposés, ainsi que des kits de création qui permettent aux amateurs de s'essayer à l'artisanat chez eux. Les ornemanistes chevronnés peuvent également commander des perles de verre et d'autres matériaux pour réaliser des décorations de leur propre conception.
