Les personnes handicapées manifestent contre la réforme de la politique sociale
Le gouvernement prépare une réforme de sa politique sociale, elle aussi affectée par les coupes budgétaires. Ce mardi une manifestation était organisée devant le ministère des Affaires sociales à Prague par des associations représentant les personnes handicapées pour protester contre ce projet de réforme. Une autre manifestation était également organisée à Brno. Camille Latimier est directrice de l’association qui représente les personnes handicapées mentales et leurs familles en République tchèque:
« Aujourd’hui on manifeste contre la suppression d’un certain nombres d’avantages auxquels les personnes handicapées ont droit. Ce ne sont pas des avantages financiers qui leur permettent simplement de vivre mieux, ce sont des avantages qui leur permettent de compenser leur handicap et donc de vivre de manière plus égale avec leurs concitoyens sans handicap. On manifeste également pour que le gouvernement soit plus à l’écoute des demandes des personnes handicapées et qu’on soit pris en compte dès le début de la réforme, pour qu’on se mette d’accord sur l’analyse des problèmes et un état des lieux. Si on n’a pas cette première étape, je pense qu’on ne peut pas discuter des réformes nécessaires. »
Plusieurs associations se sont plaintes du manque de communication avec le gouvernement…
« Oui, en fait on a reçu un beau jour les propositions de lois, sans avoir été inclus dans la phase de préparation. Il y a eu des analyses qui ont été faites mais n n’a pas demandé l’avis ni aux personnes handicapées ni à leurs parents, on ne leur a pas demandé les difficultés auxquelles ils font face. On nous parle de simplifier le système mais qui a déterminé là où le système était compliqué ? Nous n’avons pas été consultés… »Aujourd’hui on craint aussi la suppression ou la modification de la « carte handicapé », qui permet de procurer un certains nombres d’avantage, pour comme vous le disiez, avoir une vie plus égale…
« Il est prévu que la carte soit remplacée selon la loi. Le problème est que certains des avantages donnés par la carte ne seront pas repris dans la nouvelle loi : par exemple des réductions sur les transports ou éventuellement le droit d’être accompagné par une personne qui bénéficie elle aussi d’une réduction. C’est très important dans le cas des personnes qui ont un handicap sévère et ne peuvent voyager toute seule. Les aspects de la réforme touchent beaucoup les familles qui s’occupent de personnes sévèrement handicapées. Souvent des mères de famille sont femmes au foyer parce qu’elles s’occupent d’une personne sévèrement handicapée et que les services sociaux ne sont pas suffisants pour qu’elles puissent mener une carrière et leur vie de famille. »Le secteur associatif est fortement touché par les coupes budgétaires et la baisse des subventions. Votre association a dû se séparer de plusieurs membres du personnel et vous ne devez pas être les seuls dans ce cas…
« Non, effectivement. C’était déjà annoncé l’année dernière : il y a eu des coupes budgétaires sur certains types de services sociaux, notamment sur le conseil, le soutien, un service que selon la loi nous devons fournir gratuitement. Si le gouvernement ne nous soutient pas là-dessus, on n’a pas accès à d’autres sources de financement et malheureusement on a dû se séparer de trois employés cette année. Tout le monde n’a pas accès à internet ou aux sources d’information exacte et aux approches modernes du handicap qui permettent de proposer aux familles des solutions d’intégration, d’inclusion d’enfants ou d’adultes handicapés. Ce genre de discussions prend du temps et il faut de l’argent… »