Les petits gâteaux de Noël, une affaire de famille

Photo: Ondřej Tomšů

Tous les ans en Tchéquie, une bonne partie du mois de décembre est synonyme de grands préparatifs de pâtisseries de Noël dans les familles tchèques. Outre la traditionnelle vánočka, sorte de brioche tressée et préparée quelques jours avant Noël, c’est la confection des cukroví, mini pâtisseries de toutes formes et aux goûts différents, qui fait l’objet de toutes les attentions.

Photo: Ondřej Tomšů
A une vingtaine de kilomètres de Prague, deux sœurs, Zdeňka Mašková et Alena Ježková, sont aux fourneaux de huit heures du matin à minuit : aidées de leur mère et d’une autre amie de la famille, les deux mères de famille ont de l’énergie à revendre malgré la fatigue. C’est dans la cuisine de leur pâtisserie qu’elles sont à pied d’œuvre depuis fin novembre pour préparer les 100 kilos de petits gâteaux de Noël qu’on leur a commandés.

La demande est grande pour ces pâtisseries qui exigent beaucoup de temps de préparation, et ces dernières années, les gens n’hésitent plus à les acheter plutôt que de mettre la main à la pâte, comme le relève Alena Ježková :

« Soit les femmes ne savent pas les faire, soit elles n’ont pas le temps. C’est clair : aujourd’hui, les femmes travaillent, et puis il y a aussi les enfants dont il faut s’occuper. Tout va très vite aujourd’hui. Parfois elles font deux types comme les petits gâteaux de Linz ou les croissants à la vanille, mais nous commandent quand même une boîte complète. Elles font vite le calcul avec le temps qu’elles y passeraient autrement et ne regrettent pas de payer pour avoir les gâteaux. C’est plus un soulagement pour elles. Et pour nous c’est bien ! Surtout quand elles nous appellent pour nous dire combien les nôtres sont bons ! »

Photo: Ondřej Tomšů
Dans la pâtisserie des deux sœurs, une douzaine de types de petits gâteaux sortent du four chaque année. Le jour de notre visite, Alena et Zdeňka terminaient justement la préparation des petits gâteaux dits de Linz, sortes de petits sablés à trous garnis à la confiture de groseille :

AJ : « Donc là, on est en train d’étaler la pâte pour les petits gâteaux de Linz… »

ZM : « Elle ne doit être ni trop fine, ni trop épaisse. Pour que les ronds n’aient pas l’air d’avoir été faits par des enfants de maternelle… »

AJ : « Il faut qu’ils cuisent de manière uniforme. Si vous en faites un plus fin et l’autre plus épais, les plus fins sont cuits plus rapidement et deviennent vite trop foncés. Il faut évidemment ne pas oublier de saupoudrer de farine. »

ZM : « Pour faire ces petits gâteaux, il faut de la farine de blé classique. Je sais qu’aujourd’hui les gens font attention au gluten et que l’on fait beaucoup de chose avec de la farine de seigle. Mais pour les petits gâteaux de Linz par exemple, le seigle c’est une catastrophe. C’est impossible de travailler la pâte, de l’étaler. Donc, nous nous disons toujours que les gens peuvent commettre un petit péché une fois l’an et le reste de l’année manger des pâtisseries sans gluten. Mais ces petits gâteaux ont besoin avant tout de beurre, d’œufs et de farine de blé. »

AJ : « Et puis… après tout, les cukroví, on ne les mange pas pour faire régime ! »

Il y en a pour tous les goûts, sachant que les gâteaux sont en général de deux sortes : soit des petits gâteaux plus secs type sablés donc, soit à base de crème, et donc un peu plus caloriques. Outre les petits gâteaux de Linz, elles préparent également des petits cœurs aux amandes, des petits paniers aux deux couleurs, des croissants dits de Paris, des boules de coco et d’autres types encore aux noms évocateurs et poétiques. Pour les deux sœurs pâtissières, le plus important reste que les petits gâteaux de Noël aient un goût authentique :

« Ils ont le goût de ceux faits chez soi. Pour nous, c’est très important, et c’est aussi pour cela que les gens nous les achètent. Nous avons réussi à maintenir un équilibre entre qualité et quantité. Nous ne faisons pas une production de masse. Comme vous pouvez le voir, il y a juste ma sœur et moi et en décembre, pour les commandes de Noël, deux personnes viennent nous aider, des retraitées même si elles n’en ont pas l’air. Elles ont une grande expérience et nous sommes toujours ravies d’avoir leurs conseils. »

Chez Alena et Zdeňka, les commandes sont prises jusqu’au 30 novembre et il est impossible de commander un seul type de cukroví. Elles préparent des assortiments d’une soixantaine de petits gâteaux, soit 1 kg de cukroví en tout. En théorie, les petits gâteaux se conservent facilement jusqu’en janvier, ceux à la crème devant être mis au réfrigérateur. Mais d’expérience, elles savent que leur durée de vie est davantage liée à la gourmandise qu’à leur date de péremption, tant ces petits gâteaux font la joie des petits et des grands pendant les fêtes de Noël.