Les photos de Miroslav Tichý exposées pour la première fois en France
Le Centre Pompidou de Paris présente pour la première fois en France l’oeuvre photographique de l’artiste tchèque Miroslav Tichý, artiste hors norme aujourd’hui âgé de plus de 80 ans qui vit toujours isolé du monde dans le village de Kyjov en Moravie.
Sous le communisme, Miroslav Tichý a fait le choix de l’isolement social et culturel face au régime alors en place. Il a réalisé quotidiennement plusieurs dizaines de clichés, ayant pour principal sujet les femmes de Kyjov, avec des appareils de fortune qu’il se bricole tout seul.
Aujourd’hui, grâce à un Tchèque originaire de Kyjov émigré en Suisse, les photos de Miroslav Tichý sont exposées dans plusieurs pays, peut-être contre son gré, l’artiste continuant de vouloir vivre isolé du reste du monde. Mardi, c’est donc au Centre Pompidou de la capitale française qu’a été inaugurée une exposition de ses oeuvres. La semaine dernière, c’était à Sydney en Australie, l’année dernière, c’était notamment au Japon et en Chine. En 2005, c’est la Kunsthaus de Zürich qui avait décidé de montrer ses clichés au public, et à l’époque le commissaire de l’exposition, Tobia Bezzola, avait dit quelques mots à Radio Prague sur cet artiste asocial :
« Il y a différents aspects dans son oeuvre. Il y a l'aspect documentaire où l'on voit vraiment bien la vie quotidienne de son village, il y a l'aspect plutôt collage, bricolage, il y a tous les aspects techniques avec ses moyens tout à fait particuliers, car il a aussi créé des effets très spéciaux. L'idée était vraiment de donner un panorama, un choix de la richesse de cette oeuvre. C'est une oeuvre érotique, parce que Tichy est fasciné par les femmes, ça c'est clair, mais ce n'est jamais d'une manière aggressive, parce qu'il maintient la distance et le respect et on a toujours l'impression qu'il y a une admiration artistique pour la beauté des femmes. »
Sur le catalogue de l’expo parisienne, on lit que les photos de Tichý, « sous ou sur-exposées, rayées, floues, déchirées, tachées, révèlent néanmoins un artiste inclassable, marqué par de fortes influences picturales classiques mais dont la méthode s'apparente parfois à certaines pratiques amateur et de l'art ‘outsider’ ».
L'exposition, à voir jusqu’au 22 septembre dans la galerie d’art graphique, rassemble une centaine de photographies et quelques appareils, en provenance pour l'essentiel de la Fondation Tichý-Ocean, ainsi que des oeuvres de la collection du Centre Pompidou.