Les séquelles des inondations
Les séquelles des inondations sur l'économie nationale, en voici une question que ne couvriraient pas plusieurs émissions de Radio Prague, tellement le dommage est étendu. Cependant, il reste toujours possible de donner à l'auditeur une idée et ne serait-ce qu'une idée sur les ramifications des dégâts qui s'étendent à des domaines auxquels on ne pense pas à première vue. Pour cette fois-ci, nous nous contenterons de parler, pêle-mêle de la question des prix, des indemnités des sinistrés, des dégâts dans les chemins de fer, l'élevage, les forêts et les champs. Il nous restera un domaine bien complexe : l'industrie.
Et qu'en est-il des prix ? Eh bien, les magasins et points de vente dans les régions sinistrées n'ont pas augmenté leurs prix. Sur demande des associations de protection des consommateurs, les services de contrôle des prix ont fait des contrôles dans ce sens. Certains consommateurs ont même avisé les inspections de contrôle des prix mais les plaintes se sont avérées non fondées. Les services de contrôle des prix rappellent d'ailleurs que le caractère exceptionnel de la situation n'autorise nullement les fabricants à vendre des produits qui ne soient pas sécurisés, offerts au prix juste, fonctionnels et conformes aux prescriptions en matière de prix, de garantie et autres...
Des citoyens et des firmes frappés par les inondations ont déjà commencé à encaisser les indemnités des assurances, notamment grâce au travail rapide des liquidateurs qu'explique en grande partie la modernité des moyens techniques. Certains sinistrés ont déjà obtenu des virements d'indemnisation des maisons d'assurance, apprend-on du Martin Divis de l'assurance Kooperativa qui compte 15.000 sinistres et un montant des réparations de 3 à 5 milliards de couronnes. Les assurés de la société d'assurance Allianz attendent les premières indemnités mardi prochain. Ils sont 600 à avoir été frappés par les inondations et la somme débloquée à leur intention est de l'ordre d'une centaine de millions de couronnes. Ceska pojistovna (Assurance tchèque), la plus grande maison d'assurance dans le pays compte 120.000 à 150.000 sinistrés et évalue les indemnités à plus de 5 milliards de couronnes. Les responsables de la Ceska pojistovna ont déclaré avoir suffisamment d'argent pour couvrir le sinistre résultant des inondations.
Les chemins de fer tchèques enregistrent, en conséquence des inondations, un dommage de 2,4 milliards de couronnes. Selon le Directeur général des chemins de fer, Dalibor Zeleny, il s'agit seulement d'un ordre de grandeur, bien qu'évalué en détail sur les lieux de l'inondation. Il a ajouté que grâce à la vigilance du personnel, des dégâts sont encore inférieurs à ce qu'ils devaient être. Les chemins de fer tchèque n'ont eu, selon leur directeur, aux moments les plus critiques des inondations, que 282 kilomètres hors service sur les 9 500 km du réseau. Le trafic a été arrêté sur 18 tronçons différents. Jusqu'à ce jeudi, certains de ces tronçons ont été réparés, mais les chemins de fer s'attendaient toujours à l'autorisation de l'état-major de crise pour le mettre en service.On en arrive maintenant à une grosse partie des dommages ; elle concerne l'agriculture. Des inondations sur des années finiront par changer carrément le visage de l'agriculture en Tchéquie. Désormais, les terrains agricoles connaissent deux situations possibles : Soit qu'ils sont inondés d'eau, soit qu'ils sont inondés de produits chimiques. Selon les experts, il ne sera plus possible, au moins pendant trois ans, de faire des cultures traditionnelles. La terre est désormais envahie par beaucoup d'eau, si bien que pendant plusieurs années il va falloir régénérer cette terre de ses propres réserves. La plus grave est la situation des terres littéralement inondées. C'est que cette eau avait drainé avec elle toute une série de produits chimiques pour le moment indéterminés. Les experts estiment que cette eau devrait être chargée de résidus pétroliers et chimiques provenant des usines inondées et des machines agricoles baignées ou emportées par les eaux. Pendant plusieurs années, observent les experts, des champs vont devoir être cultivés aux seules fins de les assainir. Les cultures, non consommables dans un premier temps, vont devoir, sans doute, être brûlées sur place et leurs cendres mélangées au sol pour lui rendre la vitalité perdue.
Les pertes parmi le bétail et le cheptel ne sont pas encore recensées pour toute la République. Mais il est d'ores et déjà possible de dire que ces pertes seront plutôt chez de petits éleveurs ou les particuliers qui ont un porc et une petite basse-cour. En Bohême du sud, on enregistre la perte de 421 bovins et 2327 porcs, ce qui correspond en gros à la consommation semestrielle. On ne sait pas non plus les quantités d'aliments avariés provenant des magasins et différents stocks que les sociétés d'assainissement sont en train d'incinérer. Tout ce que l'on sait est qu'en temps normal ces sociétés traitent en moyenne une tonne d'aliments avariés par jour et que les quantités traitées et à traiter sont "n" fois le multiple de ce tonnage.Quant à l'administration des eaux et forêts tchèques, elle évalue ces dommages, au 20 août, à 250 millions de couronnes. Curieusement, cet ordre de grandeur ne concerne pas les forêts. "Il y a encore sous l'eau quelque 100 hectares de forêts et l'on ne peut pas encore parler objectivement des pertes", a déclaré Frantisek Moravak, Directeur technique de la production. Le plus grand dommage, environ 170 millions de couronnes, est enregistré en pays tchèque. Les eaux et forêts tchèques s'estiment capable de liquider le gros du dommage l'an prochain et il en restera encore du travail pour 2004. Cette année encore, elles estiment affecter à la restauration des forêts 40 millions de couronnes, 25 millions aux régions fluviales et 5 millions à la réfection des constructions.
Des données moyennement précises sur les pertes dans le domaine agricole existent seulement pour la Bohême du sud où elles sont évaluées à 870 millions de couronnes.
Où trouver l'argent pour réparer les dommages dans le domaine agricole d'une manière générale ? Le ministère de l'Agriculture dit que l'argent va être recherché dans le Fonds agricole ainsi que le Fonds agricole et forestier. Mais il sera nécessairement fait recours au budget de l'Etat.