Les souvenirs d'Alexandre Dumas
Il y a juste deux siècles naissait Alexandre Dumas, homme qui nous a marqués tous par sa fantaisie intarissable. Vaclav Richter profite de ce bicentenaire pour rappeler que la République tchèque possède une collection précieuse d'objets personnels et de manuscrits du romancier qui sera bientôt inhumé au Panthéon.
En République tchèque, comme ailleurs, ses lecteurs sont toujours innombrables, mais nous avons en plus quelque chose que même les Français pourraient nous envier. Pourtant, Alexandre Dumas ne s'est rendu en Bohême qu'une fois. Il est venu en janvier 1866, et n'a passé qu'une journée à Prague en visitant surtout le palais Wallenstein car il préparait un roman sur la Guerre de Trente ans qui devait avoir pour héros le généralissime Albrecht de Wallenstein. Le romancier était accompagné par sa fille Marie Alexandre. Cette femme charmante, qui était peintre et poétesse, a connu à Paris l'ambassadeur autrichien, Richard Metternich. Une amitié tendre et discrète est née entre Marie-Alexandre et le fils du célèbre chancelier Metternich qui a marqué toute la politique européenne de la première moitié du 19ème siècle. C'est grâce à cette amitié que des objets concernant Dumas ont enrichi le cabinet des curiosités du château de Kynzvart en Bohême, qui appartenait à la famille Metternich. On y trouve aujourd'hui le fauteuil et la table de travail de Dumas sur laquelle on déchiffre non seulement des notes et des signatures du romancier mais aussi des vers sur les beautés de Venise.
On y conserve aussi d'autres reliques dont une canne, un encrier et une arme de chasse ayant appartenu à l'écrivain et une moulure en plâtre des mains du romancier et de sa fille. En 1949, on a découvert à Kynzvart 345 manuscrits d'Alexandre Dumas relevant pratiquement de tous les domaines de ses activités littéraires. Parmi ses documents il y aussi un fragment de sa propre version de la tragédie de Roméo et Juliette. C'est Marie Alexandre qui, se souvenant de son grand amour pour Richard de Metternich, a décidé, avant sa mort, d'envoyer les manuscrits de son père, donc ce qu'elle avait de plus précieux, dans ce château de Bohême. C'est grâce à elle que nous possédons aujourd'hui la plus grande partie de la succession littéraire du père des Trois mousquetaires.