Les Tchèques ont rendu hommage à un de leurs héros de la Deuxième Guerre mondiale
Un héros de la lutte contre les régimes nazi et communiste est mort, le 21 décembre dernier, à l'hôpital militaire de Prague. Ce lundi, ils étaient nombreux les résistants de la Deuxième Guerre mondiale, légionnaires et autres anciens prisonniers politiques présents au crématorium de Strasnice pour rendre un dernier hommage à Rudolf Pernicky. Radio Prague retrace la vie d'un homme qui a sacrifié une grande partie de sa vie à la liberté de son pays.
Général en retraite et haute figure de la résistance lors de l'occupation de la Tchécoslovaquie par les troupes de l'Allemagne nazie, Rudolf Pernicky s'est éteint quelques jours avant Noël, à l'âge de 90 ans des suites d'une longue maladie.
Le 28 octobre dernier, jour de la fête nationale rappelant la création de la Tchécoslovaquie, cet ancien parachutiste avait été le seul, parmi les vingt-trois personnalités décorées, à recevoir des mains du président Vaclav Klaus l'Ordre du Lion blanc, distinction suprême de l'Etat tchèque. « J'en suis très surpris, car seuls les chefs d'Etat et les rois reçoivent cette distinction », avait alors déclaré Rudolf Pernicky. Lors de la cérémonie funèbre, le général Tomas Sedlacek, qui avait fait sa connaissance lors de leur exil en Angleterre au début des années 1940, a cependant rappelé que son ami de toujours avait consacré toute sa vie à la lutte pour la justice :
« Il exprimait ces vertus militaires et civiques que sont le courage, le patriotisme, l'esprit de sacrifice, ou encore la culture générale... Tout cela était en lui. Comme on dit, il était une sorte d'incarnation de toutes ces vertus. Il est vraiment devenu une légende et un exemple. »
Aujourd'hui âgé de 83 ans, Jaroslav Klemes a, lui aussi, combattu aux côtés de Rudolf Pernicky. Et un peu plus de cinquante ans après la fin de la guerre, lui non plus n'a pas oublié celui qu'il surnomme « Ruda » :« Ruda était non seulement un homme parfait mais aussi un militaire à 100 %. Il était énergique, parlait avec énergie et il était très apprécié comme nous pouvons le constater encore une fois aujourd'hui. Tous ceux qui le connaissaient sont venus pour lui dire adieu. »
C'est en 1939 que Rudolf Pernicky, comme un certain nombre de ses compatriotes servant sous le drapeau, notamment aviateurs et parachutistes, quittent la Tchécoslovaquie envahie par les armées du IIIe Reich, puis annexée. Il s'engage dans la Légion étrangère avant de rejoindre la Grande-Bretagne où il reçoit un entraînement spécial de parachutiste visant à l'action sur le territoire du Protectorat de Bohême et de Moravie.
Après la guerre, il reste dans l'armée et se marie. Mais le coup d'Etat de février 1948 à la suite duquel les communistes prennent le pouvoir marque un autre tournant dans sa vie. Un an plus tard, comme la plupart des militaires ayant participé à la libération du pays au sein des forces alliées occidentales, il est arrêté puis condamné à vingt ans de prison pour haute trahison.
Pendant les douze années suivantes, il passera par différents geôles et camps de travaux forcés, y compris dans les mines d'uranium, avant d'être amnistié et de gagner sa vie comme simple ouvrier. Pourtant, comme il le confiait dans un entretien pour la Radio tchèque deux mois encore avant sa mort, Rudolf Pernicky n'a jamais cessé d'attendre avec confiance des jours meilleurs :« Je ne veux pas répéter que l'espoir meurt en dernier. Nous tous qui étions dans ces camps avons toujours cru que cela devait changer et que retrouverions un jour la liberté. »
Finalement, Rudolf Pernicky fut réhabilité après la révolution de 1989, élevé au grade de général, avant de présider, entre 1990 et 1992, la Confédération des prisonniers politiques.