Les Tchèques se préparent à la prochaine Coupe du monde des sans-abri

Sieger - vítěz

Deux mois après la finale en Afrique du Sud, une autre Coupe du monde de football débutera au Brésil. En septembre, à Rio de Janeiro, se tiendra en effet la huitième Homeless World Cup ou la Coupe du monde des sans-abri. A la différence du Mondial sud-africain, la République tchèque participera bien à cet événement autant social que sportif. Mais avant cela, un tournoi national de sélection était organisé vendredi sur un terrain public dans le centre de Prague.

Rio de Janeiro
C’est la célèbre plage de Copacabana qui sera le stade officiel de la compétition du 19 au 26 septembre prochain. Pendant une semaine, plus de 500 SDF et autres groupes socialement exclus représentant une cinquantaine de pays se disputeront le titre de champions du monde de foot de rue ou de « street soccer ». En République tchèque, c’est l’association Sananim, spécialisée dans la prévention et le traitement de la dépendance aux drogues, qui s’occupe de la gestion et de l’accompagnement de la sélection qui participera à la Coupe du monde. Responsable d’une communauté thérapeutique au sein de l’association Sananim et du tournoi de sélection, Josef Šedivý explique quels sont les critères pour pouvoir participer :

Homeless World Cup ou la Coupe du monde 2009
« L’appellation Homeless Worlc Cup est un peu trompeuse. Car il ne s’agit pas uniquement de SDF. Le spectre des gens qui correspondent à la définition de la Coupe du monde des sans-abri est relativement vaste. En fait, ce sont plutôt toutes les personnes, hommes ou femmes, marginalisées socialement. Ce sont d’anciens toxicomanes ou alcooliques qui ont suivi ou suivent une cure de désintoxication et une thérapie, mais ce sont aussi des demandeurs d’asile, des étrangers en situation irrégulière, ou encore des vendeurs de journaux de rue. Leur point commun est que tous ont vécu dans la rue pendant un certain temps ces deux dernières années et se sont retrouvés sans domicile. L’objectif de cette Coupe du monde est donc de donner à toutes ces personnes en situation précaire une nouvelle motivation, un nouvel objectif dans leur vie. »

Vendredi, sur un terrain réduit situé à deux frappes de balle de la place de la Vieille ville, neuf équipes ont participé au tournoi de sélection tchèque. Chaque équipe était composée de joueurs « clients » des différentes associations et structures sociales dans lesquelles ils ont été accueillis, et qui, toutes, luttent contre les différentes formes d’exclusion sociale, comme le précise Josef Šedivý :

« Il y a ici plusieurs équipes formées de joueurs des communautés thérapeutiques pour les personnes toxicomanes. Mais il y a aussi par exemple l’AzylClub de Hradec Králové ou l’équipe de l’Armée du salut de Prague. Chaque équipe est chapeautée par une association. »

Homeless World Cup ou la Coupe du monde 2009
A l’issue de cette journée de compétition, huit joueurs, considérés comme les meilleurs, ont été retenus et auront le privilège se rendre au Brésil en septembre prochain pour défendre les couleurs de la République tchèque. Mais ici plus encore que sur les autres terrains de sport, l’essentiel n’est pas nécessairement de gagner mais bien de participer, comme le rappelle Josef Šedivý :

« Le football est seulement un instrument de communication. Il doit permettre de motiver les personnes concernées et d’améliorer leur vie quotidienne. Bien entendu, je serais très heureux si nous pouvions un jour lutter pour le titre de champions du monde. Mais ce que nous réalisons actuellement suffit déjà largement à mon bonheur. J’en suis vraiment très content. »

La République tchèque participera bien à cet événement
Comme en témoigne encore une fois l’actuelle Coupe du monde en Afrique du Sud, le football possède cette particularité d’être une source de passion pour des milliards de personnes dans le monde entier. Et malgré tous les excès en tous genres qu’il fait naître, le ballon rond rapproche et rassemble les gens bien plus qu’il ne les éloigne, quelles que soient les langues, les races, les origines ou l’appartenance sociale. Cela est d’autant plus vrai pour la Coupe du monde des sans-abri, où l’enjeu n’est pas seulement sportif.

Ainsi, à en croire les statistiques des dernières éditions, l’intégration sociale par l’intermédiaire du sport est une vraie réussite. Selon une récente enquête réalisée par les organisateurs auprès de 380 joueurs, 93 % d’entre eux affirment avoir acquis une nouvelle motivation, 83 % entretenir de meilleures relations avec leurs proches et 71 % avoir modifié leur mode de vie et avoir vu leur situation s’améliorer. 29 % des joueurs interrogés ont même trouvé un emploi régulier et 32 % se sont lancés dans des études. Neuf ans après sa création lors d’une conférence en Afrique du Sud du Réseau international des journaux de rue, le projet étonnant de la Coupe du monde des sans-abri est donc un succès. Et sa huitième édition au Brésil en septembre devrait en apporter une nouvelle confirmation.

Photos: www.homelessworldcup.org