Les « tests de phallométrie » sur les demandeurs d’asile en République tchèque dénoncés par l’UE
L’Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne vient de révéler que la République tchèque était le seul pays à pratiquer des « tests de phallométrie » sur certains étrangers qui demandent l’asile politique en raison de leur homosexualité. Des tests à l’efficacité controversée qui consistent à mesurer l’érection d’un homme, et dans ce cas précis à mesurer la réaction face à différentes images sexuelles.
Selon les recherches effectuées par l’Agence, la République tchèque est le seul pays de l’UE à pratiquer cette méthode qui serait contraire aux différents textes de protection des droits de l’homme en Europe. Blanca Tapia est la porte-parole de cette Agence européenne basée à Vienne :
« Il existe plusieurs articles dans la convention européenne des droits de l’homme qui pourraient être utilisés pour dire que ces tests soulèvent des doutes. L’un d’entre eux est l’article 3, qui interdit la torture et les traitements inhumains ou dégradants. La Cour a précisé que des traitements peuvent être dégradants quand la peur, l’angoisse ou l’infériorité sont utilisées pour humilier ou pour venir à bout de la résistance physique ou morale. Dans ce cas précis des tests phallométriques, le problème est que cela peut être considéré comme une humiliation parce que cela expose des sentiments sexuels intimes. »
Sergeï Tcheverda est un citoyen russe d’une trentaine d’années qui a demandé l’asile en République tchèque il y a deux ans et a été soumis à ce test phallométrique :« Ils te font asseoir dans une cabine, ils te branchent sur le pénis une espèce de collier métallique avec des câbles. Et puis ils projettent des images sur un écran – des femmes, des enfants, des hommes : des images sexuelles mais aussi des photos de la nature… Ça dure plus d’une heure. »
Les autorités tchèques rejettent les critiques. Vladimír Řepka est le porte-parole du ministère tchèque de l’Intérieur :
« La République tchèque n’a pas utilisé une seul fois ces tests de phallométrie sur des demandeurs d’asile au cours de l’année écoulée. Nous n’avons pas l’impression d’enfreindre la convention européenne des droits de l’homme. Et nous ne pratiquons ce genre de tests sexuels qu’avec un consentement écrit et seulement si nous sommes certains qu’il n’y a pas d’autres moyens d’obtenir des informations sur la différence sexuelle du demandeur. »
La phallométrie, appelée également la pléthysmographie génitale, a été inventée par un scientifique né sur le sol tchèque, Kurt Freund, qui a émigré au Canada en 1968.