Les tours du château Trosky
Il y a des siècles que le château Trosky était habité par deux nobles dames, descendantes de la famille des seigneurs de Bergov ; dame Marketa, veuve utraquiste, d'âge assez avancé, et sa petite fille, dame Barbora, jeune femme catholique de vingt-trois ans, pétillante de santé et d'énergie. Barbora habitait la tour plus haute et sa grand-mère la tour plus basse. Les deux femmes se haïssaient et se disputaient sans cesse. L'objet de leurs différends était le plus souvent des questions de religion, puis des petits rien sans importance apparente, mais dont l'une se servait pour provoquer l'autre.
Il y a des siècles que le château Trosky était habité par deux nobles dames, descendantes de la famille des seigneurs de Bergov ; dame Marketa, veuve utraquiste, d'âge assez avancé, et sa petite fille, dame Barbora, jeune femme catholique de vingt-trois ans, pétillante de santé et d'énergie. Barbora habitait la tour plus haute et sa grand-mère la tour plus basse. Les deux femmes se haïssaient et se disputaient sans cesse. L'objet de leurs différends était le plus souvent des questions de religion, puis des petits rien sans importance apparente, mais dont l'une se servait pour provoquer l'autre. La grand-mère reprochait à sa petite fille l'insouciance, la gaieté, les fêtes que Barbora organisait. Barbora, en revanche, reprochait à sa grand-mère la bonne table et la traitait de commère se mêlant de tout ce qui ne la regardait pas.
Depuis plusieurs jours déjà, Barbora attendait le messager qui devait lui apporter des nouvelles de son fiancé combattant contre les Turques dans de pays lointains. Enfin, la jolie Barbora entendit le martèlement des sabots du cheval du messager. La jeune femme courut joyeusement au pied de la tour. Curieuse et l'air mauvais, la grand-mère Marketa se pencha à la fenêtre à ce que rien ne lui échappe. Elle aperçut sa petite fille Barbora prendre le message, l'ouvrir et regagner lentement la tour. Marketa voulut appeler le messager pour lui tirer les vers du nez. A l'instant même, elle vit sa petite fille à la fenêtre. Barbora monta sur le bord et se jeta au bas de la tour. La jeune femme venait d'apprendre que son fiancé avait succombé aux blessures de combat.
La vieille Marqueta organisa de somptueuses funérailles. Elle était certes la maîtresse du château Trosky, mais n'en ressentait aucun plaisir. Marketa regrettait sa petite fille Barbora, morte si jeune, qui lui manquait. Le chagrin rongeait le cur de la vieille femme ! Elle ne survécut que de quelques semaines à sa petite fille.
En mémoire des deux commères les gens appelèrent la tour inférieure la Vieille et la tour supérieure la Jeune fille.