Les usines chimiques font peur
Les usines chimiques font peur aux habitants des régions où elles se trouvent. Ils ont peur de consommer les produits de leurs jardins ou de leurs élevages domestiques.
Le ministère de l'Environnement vient de conseiller aux habitants d'une petite commune des environs de Neratovice de ne pas consommer la volaille et les légumes produits dans la région. La raison ? Neratovice est la ville où se trouve l'une des plus grosses usines chimiques de la République tchèque, Spolana. Cette usine utilise, dans sa production, des matières chimiques dangereuses : chlore, mercure, dioxine. Dans le passé, elle produisait aussi le DDT, interdit dans les années soixante-dix. L'année dernière, lors des inondations catastrophiques du mois d'août, elle a aussi été touchée, une partie de l'usine ayant été submergée. La direction a refusé les allégations faisant entendre que l'usine avait contaminé les environs. Aujourd'hui, les services d'hygiène viennent de découvrir du mercure et des biphényles de chlore, dans la volaille, les oeufs, les poissons de la petite commune de Libis, qui se trouve dans les environs de Neratovice. L'usine Spolana nie toute responsabilité. La direction affirme qu'il s'agit de matières chimiques qui se trouvent dans l'environnement depuis des années, la conséquences des pratiques de l'ancien régime totalitaire. Spolana nie, aussi, toute responsabilité dans la contamination et la destruction d'une grande pépinière, située dans les environs de la ville de Neratovice. La pépinière a été détruite par du chlore ou des émanations de chlore, et Spolana Neratovice est la seule usine de la région qui emploie du chlore en grande quantité dans sa production... La direction refuse la discussion, le ministère de l'Environnement, faute de preuves, ne peut que recommander aux habitants de ne pas consommer les produits de leurs jardins ou poulaillers. Et la police, qui a reçu plusieurs plaintes contre l'usine Spolana ? Elle a arrêté son enquête sur la base de l'expertise fournie par un spécialiste : les dégâts n'ont pas été causés par la dioxine ou le chlore de Spolana. Coïncidence : l'expert en question est membre du conseil d'administration de la société Unipetrol, le propriétaire de Spolana. Le cas de cette usine n'est pas unique, ni en Tchéquie, ni dans le monde. Prouver que les usines chimiques nuisent à l'environnement est toujours une tâche difficile. Dans le cas de Spolana, même le ministère de l'Environnement remet les conséquences actuelles sur le dos de l'ancien régime totalitaire.