Les inondations : bilan économique

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Le ministère tchèque de l'Intérieur a prolongé jusqu'à ce vendredi l'état d'urgence dans 7 régions touchées par les inondations. La plupart des personnes qui avaient dû quitter leur maison ne sont toujours pas retournées chez elles. Alors que l'eau redescend, l'attention se porte désormais sur les dommages. Si l'ampleur des inondations de 2006 est bien moins grande qu'en 2002, les conséquences économiques sont bien palpables. Elles pourraient même influer sur la manière dont les assurances comptent indemniser les victimes d'inondation dans l'avenir.

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Le ministère du Développement régional estime les dommages causés par les dernières inondations à 5 milliards de couronnes, soit environ 175 millions d'euros. Mais le gouvernement précise qu'on ne connaîtra pas l'étendue complète des dégâts avant quelques semaines. Malgré les barrières érigées rapidement sur les rivages sensibles à Prague (à Kampa ou encore à Holesovice), les inondations de 2006 auront coûté environ 75 millions de couronnes (2 millions et demi d'euros) à la capitale tchèque.

Jiri Paroubek est actuellement en discussion avec les instances européennes pour définir des modalités d'aide. Il espère obtenir de 10 à 15 milliards de couronnes de la part de la Banque Europénne d'Investissement. Le président de l'UE, Wolfgang Schüssel, a promis au gouvernement tchèque qu'il plaiderait en ce sens auprès de la Commission europénne. La République tchèque a en théorie droit à une aide d'environ 20 milliards de couronnes au titre des fonds anti-inondation. Le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, a pour sa part promis que la France enverrait de l'argent.

Photo: Archives de ČRo7
Les compagnies d'assurances face aux inondations : de nouvelles pratiques Les inondations n'auront pas d'impact majeur sur les compagnies d'assurance opérant dans le secteur industriel. En effet, ce sont surtout les régions agricoles qui ont été touchées.

Ainsi, les assureurs ne devraient pas débourser plus de 2 milliards de couronnes cette année, une bagatelle comparé aux 70 milliards, soit 2 milliards et demi d'euros, en 2002. Mais cela ne s'explique pas seulement par l'ampleur moindre des dégâts. Les compagnies d'assurances ont en effet décidé d'inaugurer de nouvelles pratiques. L'idée est simple : on n'assure plus certains secteurs sensibles, comme les inondations, ou l'on pratique des tarifs plus élevés pour ceux-ci. La Ceska Pojistovna, la plus grande société d'assurance en République tchèque, a ainsi affirmé qu'elle ne réassurerait pas les personnes ayant rempli des demandes liées aux inondations depuis les 10 dernières années ! Pour tous les assureurs, la nouvelle tendance est à une meilleure évaluation des risques qu'en 2002. Cette année là, les assureurs avaient payé la moitié du montant total des dommages. La Ceska Pojistovna, à elle seule, avait réglé l'équivalent de preque 15 % du total.

Depuis 4 ans, les grandes compagnies mettent en place un logiciel qui leur permettrait de moins s'exposer. Ce logiciel distingue 6 différentes zones d'inondation, du risque zéro au risque maximal. Et les résultats ne se sont pas fait attendre : en 2006, les réclamations se sont presque réduites à peau de chagrin. La Ceska Pojistovna n'en a enregistré que 5000 en avril dernier... Le gouvernement a pour sa part affecté quelques 175 millions d'euros pour aider les particuliers touchés par les inondations. Un peu moins de la moitié provient du fournisseur d'énergie CEZ, dont l'Etat est propriétaire à 68 %.

Le coût pour les entreprises

Les entreprises commencent également à évaluer les dégâts. La société Agrofert Holding a dû fermer son usine chimique en Bohême du nord. Son directeur estime le manque à gagner quotidien à 350 000 euros. Pour Fatra, qui a dû également fermer ses installations en Moravie du sud, les pertes se montent à 3 millions d'euros ! La société Agropol, à Usti nad Labem, a aussi souffert durement des inondations, bien que les dégâts ne soient pas encore estimés. Pour sa directrice, ce sont au final les contribuables qui seront aussi touchés. Et le coût des réparations sera plus élevé que celui de la prévention.

Un autre problème lié aux inondations se trouve à la frontière de l'économie et de l'écologie. On s'en est clairement aperçu après l'été 2002, les entreprises de l'industrie chimique sont particulièrement sensibles à ce genre de catastrophe. On se souvient de Neratovice, dans le nord de la Bohême, ou 80 tonnes de chlorine s'étaient échapées des conteneurs de la compagnie Spolana. Les coûts économiques avaient été aussi bien réels car Spolana avait dû dépenser 40 millions de couronnes, 1 million et demi d'euros, pour mettre ses unités de stockage aux normes européennes et installer des infrastructures anti-inondation. A cela s'ajoutait la perte nette de 50 millions d'euros pour les réparations et la production perdue.

Reprise d'activité en revanche pour les entreprises travaillant à la surveillance de la Vltava. La société Povodi Vltavy promet de dépenser environ 2 milliards de couronnes dans les trois prochaines années pour améliorer le drainage. Povodí Labe, une autre société de surveillance, pense elle mettre 3.5 milliards de couronnes.

Un programme d'aide gouvernementale

L'Elbe
Le gouvernement travaille actuellement à un programme d'aide à l'industrie et à l'agriculture. Celui-ci est prévu pour mai et prévoit l'allocation de 5 millions d'euros pour les entreprises touchées par les inondations. Un chiffre qui pourrait doubler en cas de besoin. Les compagnies de moins de 10 employés recevront 10 % des dédommagements. Les entreprises jusqu'à 250 employés recevront, quant à elles, des garanties à long terme de la part de l'Etat. Dans les semaines à venir, le ministère de l'Agriculture présentera son propre plan d'action pour aider les agriculteurs les plus durement touchés. A la fin du mois d'avril, le ministre Jan Mládek rencontrera ses homologues européens afin de discuter des déblocages de fonds pour les agriculteurs tchèques. Les régions les plus touchées ont été le sud de la Moravie et le Nord de la Bohême, tout au long de la rivière de Elbe, entre Melnik et Usti nad Labem. Environ 50 000 hectares de champs sont sous les eaux, retardant les plantations de printemps. La récolte de blé devrait être la plus durement touchée.