Les victimes du nazisme seront dédommagées
Une page de l'histoire a été tournée, lundi, à Berlin. Des millions de déportés du travail qui ont travaillé, pendant la Seconde Guerre mondiale dans des entreprises nazies, seront enfin dédommagés. Un sujet présenté par Alain Slivinsky.
A l'issue de la rencontre historique des représentants des Etats-Unis, de l'Allemagne, de cinq pays de l'Europe de l'Est, des organisations juives, un accord a été signé sur le dédommagement des déportés du travail ou dans des camps de concentration. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Joschka Fischer, a déclaré : « C'est une journée historique. On ne peut dédommager les souffrances des victimes, et ce dédommagement arrive trop tard pour un grand nombre d'entre elles ». Son homologue, Jan Kavan, d'indiquer pour la partie tchèque : « C'est un énorme succès. Il s'agit non seulement de la conséquence des très bonnes relations avec l'Allemagne, mais aussi de très dures négociations ». Karel Horak, prisonnier tchèque dans un camp de concentration, affirme : « En fin de compte, nous avons remporté une victoire, au sens moral, certes, mais aussi matériel ».
Sur les huit milliards de marks allemands qui devraient être payés aux victimes du nazisme, 423 millions seront destinés à la République tchèque. Cette somme est plus de deux fois plus élevée que l'Allemagne comptait payer aux Tchèques déportés. La signature de l'accord est une confirmation des espoirs d'environ 70 000 victimes tchèques de l'holocauste et déportés du travail. D'ici à la fin de l'année, elles devraient recevoir un acompte sur le dédommagement qui représente, au total, en 50 000 et 300 000 couronnes tchèques. Le négociateur tchèque, Jiri Sitler, est optimiste, mais dans une juste mesure : « C'est seulement au mois de septembre, après la réunion de Fonds de dédommagement, que certains déportés, qui se sont déjà enregistrés, sauront s'ils ne doivent pas recommencer toute la procédure ». La diplomatie tchèque est aussi extrêmement satisfaite, car dans le texte de l'accord, il est textuellement indiqué que « les décisions et accords sur les conséquences de la Seconde Guerre mondiale ne sont pas concernés par cet accord ». Dans le cas de la République tchèque, cela signifie la validité juridique de la confiscation des biens des Allemands des Sudètes, et du droit aux réparations des dommages causés par l'occupation nazie. Prague s'est fait confirmer cette réalité, la semaine dernière, par une note gouvernementale des Etats-Unis. Fin d'une époque entre ces derniers et l'Allemagne. Le négociateur américain, Stuart Eisenstat, pouvait déclarer après la signature : « C'est un moment historique, car il s'agit du dernier grand accord avec l'Allemagne qui concernait les conséquences de l'ère nazie ».