L'Etat et l'Eglise en conflit sur le financement du clergé
La nouvelle loi sur le financement de l'Eglise ne sera pas pour demain : si l'Etat et le clergé sont tous les deux d'accord pour alléger les caisses de l'Etat du poids de l'Eglise, ils tergiversent encore sur le choix d'un nouveau mode de financement. Béatrice Cady.
La réforme du financement de l'Eglise se heurte à un différend entre le clergé et l'Etat : l'Etat préférerait que l'Eglise soit en grande partie subventionnée par ses fidèles, ce que celle-ci naturellement refuse. Elle argue que les seules personnes qui pourraient être imposées sont celles qui sont véritablement membres de l'Eglise, ce qui n'est pas le cas de beaucoup de gens. Pourtant, ils sont des millions à aller à la messe à Noël et à Pâques...
Il incombe donc au ministre de la Culture, Pavel Dostal, de résoudre le problème en réformant la loi de 1949 qui définissait le statut de l'Eglise et son mode de subvention. Ce ne sera pas une mince affaire, d'autant plus que deux conceptions opposées s'affrontent: d'un côté, les partisans d'un modèle à l'autrichienne, où l'Eglise est subventionnée par ses membres, ce qui revient à la séparer complètement de l'Etat, et de l'autre ceux qui considèrent que l'Eglise véhicule une certaine tradition, une culture et une identité, que sa portée va beaucoup plus loin que la simple appartenance à une foi catholique ou protestante, et que son entretien est donc du ressort du ministère de la Culture.
Actuellement, l'Eglise touche plus de 3 milliards de couronnes de l'Etat tchèque. La plus grande partie de cet argent est consacrée à l'entretien des monuments et aux oeuvres de charité. Le reste, environ 6 millions de couronnes, est utilisé pour rémunérer les prêtres. Et c'est justement là où le bât blesse: selon la responsable des affaires de l'Eglise attachée au ministère de la Culture Jana Repova, c'est cette partie du budget que l'Etat entend supprimer, alors que le nombre des clercs va croissant. Le clergé se déclare prêt à réduire ses dépenses, mais ne veut en aucun cas toucher aux revenus des prêtres. Il propose en revanche un système de financement qui combinerait les dons des sponsors, le versement d'une partie des impôts et l'exploitation de ses propriétés.