L'Etat vendrait le reliquat de son patrimoine
Chers auditeurs, par ces temps de canicule, il n'est pas dans notre attention de vous bombarder de données économiques, mais de vous proposer, comme nous essayons au demeurant de le faire en temps normal, un thème intéressant et, surtout, au rythme d'intermèdes musicaux que vous ne manquerez pas d'apprécier. Aujourd'hui, nous allons vous entretenir de la privatisation. On en parle de temps à autre, mais là, l'Etat projette de vendre tout ce qui reste à vendre. Que reste-t-il à vendre et que rapporteront ces ventes ? C'est ce que nous verrons dans un instant... Irena Vernochova et Omar Mounir vous souhaitent une bonne écoute.
D'ici la fin du mandat, en 2006, le ministère des Finances projette de vendre, pour 160 milliards de couronnes, des sociétés et des parts de participation. Selon les documents du ministère des Finances, pratiquement tout ce qui est encore détenu par l'Etat, à l'exception de quelques sociétés comme la compagnie d'aviation Ceské aerolinie, Ceska sprava letist (L'administration tchèque des aéroports), ainsi que la Poste tchèque, doivent être vendues.
C'est que le ministre de l'Informatique, Vladimir Mlynar, a admis récemment que le ministère des Finances aurait accepté de vendre même la Poste tchèque, puis la compagnie d'aviation et de l'administration des aéroports. « Mais, pour cette année et l'année prochaine, il ne s'agit que d'une éventualité tout à fait théorique » a dit Mlynar.
C'est au demeurant ce mois de juillet que le ministre des Finances, Bohuslav Sobotka, soumettra le projet des plans de privatisation à l'examen du gouvernement. Mais il est déjà clair qu'il va devoir se battre pour certains candidats à la privatisation. Contre toute attente, le ministère de Sobotka a, par exemple, mis sur la liste la régie d'électricité CEZ. D'ici à la fin de l'année, ce ministère voudrait vendre, à la bourse, un paquet de 16,6% des actions de cette société. D'ici les élections, et donc l'an 2006, le ministre se propose de trouver un acquéreur pour les 51% restants des actions de la société d'électricité. Cela ne plaît pas au ministre de l'Industrie, Milan Urban, qui veut que CEZ reste à l'Etat. « Je ferai tout pour que l'Etat garde cette société sous son contrôle, jusqu'à la fin du mandat » dit Urban. Précisons que la direction de CEZ n'est pas non plus favorable à cette vente.
Surprenant est le fait que la brasserie Budvar de Ceské Budejovice, qui, selon une décision récente du gouvernement, devait rester à l'Etat, ait été mise sur la liste, alors que le ministère de l'Agriculture s'oppose farouchement à sa vente. En 1990, Budvar a été retirée de la privatisation par décision du gouvernement Zeman, à cause du procès en cours contre la plus grande brasserie américaine Anheuser-Busch, pour la marque de fabrique. Actuellement, le ministère pense qu'après l'entrée dans l'Union européenne la position de la société sera meilleure. Et, de toute façon, Anheuser-Busch se porte acquéreur de cette brasserie. Une façon de mettre fin, sans pertes, mais avec beaucoup de profit, au marathon judiciaire l'opposant, depuis des années, à l'Etat tchèque.
Surprenante est aussi l'intention de vendre les sociétés stratégiques MERO et CEPRO, transporteurs de pétrole, de produits pétroliers et gestionnaires des réserves de l'Etat en carburants. Mais là, le ministère de Sobotka ne pense vendre que les paquets minoritaires des actions susceptibles de rapporter un peu plus que 6 milliards de couronnes. Il est notoirement connu que le gouvernement voudrait tenter de vendre, pour la seconde fois, le holding pétrochimique Unipetrol, les mines de charbon, notamment Sokolovska Uhelna et Severoceské doly, ainsi que Cesky Telecom. Selon une source du ministère des Finances, les recettes de la privatisation sont estimées à 160 milliards de couronnes, mais la vente des entreprises dans de bonnes conditions pourrait, toujours selon le ministère, apporter des sommes plus importantes. Rien que pour CEZ, le ministère estime la vente à au moins 94 milliards, ce que les économistes jugent fort probable, à moins que l'Etat ne lie la vente à des conditions restrictives de l'usage que l'acquéreur pourrait en faire. Le gouvernement précédent voulait au moins 200 milliards et ne s'est pas contenté du total de 180 milliards proposé.