L'euro en République tchèque? Pas avant 2010

Photo: Commission européenne

Dans moins d'un mois, la République tchèque fait son entrée dans l'UE. Le 1er mai, elle deviendra, ainsi que sept autres pays d'Europe centrale et deux îles méditerranéennes, membre de cette Union à part entière. Lors des négociations concernant les conditions de leur adhésion, beaucoup des candidats avaient émis le souhait d'intégrer au plus vite la zone dite "zone euro", regroupant les pays qui partagent la monnaie unique. Depuis quelques temps toutefois, certains pays ont tendance à vouloir retarder leur entrée dans cette zone. C'est le cas de la République tchèque, où la Banque centrale a récemment recommandé au gouvernement de ne pas précipiter les choses.

Le directeur exécutif de la Banque centrale,  Pavel Stepanek
La perspective de l'entrée dans la zone euro fait, depuis des mois, et de plus en plus, l'objet de nombreuses analyses contradictoires, dans lesquelles se mêlent buts économiques et visées politiques, intérêts nationaux et intérêt supranational.

Pour tenter d'avoir les explications les plus claires possibles concernant un sujet, qui est l'un des sujets européens qui intéressent le plus les Tchèques, Radio Prague a demandé au directeur exécutif de la Banque centrale, Pavel Stepanek, de répondre à quelques questions, à commencer par une première, très simple:

Quand est-ce que la République tchèque fera son entrée dans la zone euro?

"Nous avons un document stratégique, discuté et approuvé avec le gouvernement, qui envisage l'adoption de l'euro à la fin de la décennie, en 2009-2010, suivant les conditions"

Quelles sont les étapes qui précéderont cette entrée?

"C'est un processus qui comporte quelques étapes comme la participation au mécanisme de changes ERM2. Mais l'essentiel pour nous est surtout de savoir si l'économie est prête, et pour l'instant, selon notre analyse, il y a encore beaucoup de travail à faire, sur le plan des réformes structurelles d'abord, et sur le plan d'une convergence réelle de l'économie tchèque. C'est dans ces domaines-là que nous voyons les principaux obstacles à une adoption rapide de l'euro. Il nous reste des devoirs à faire."

Pourriez-vous définir ce qu'est ce mécanisme ERM2?

"C'est un mécanisme, ou plutôt une politique de changes qui consiste à faire rester la monnaie nationale dans une marge de fluctuation définie par une parité centrale. La Banque centrale s'engage à maintenir le taux de change de la monnaie nationale à l'intérieur des limites fixées (+/- 15%)."

La Banque centrale a récemment demandé à la coalition gouvernementale de retarder l'entrée du pays dans le mécanisme ERM-2, pourquoi?

Photo: Commission européenne
"C'est au gouvernement d'entreprendre les réformes nécessaires, notamment en matière fiscale. Euro ou pas, le pays a besoin de ces réformes. Il vaut mieux que ce soit compris par la représentation politique plutôt que d'être importé de l'extérieur à travers ce mécanisme de changes. Nous avons conclu que la situation n'était pas encore assez bonne. Pour nous, la participation au mécanisme ERM2 n'a pas vraiment de grande valeur ajoutée aujourd'hui. Mais nous savons très bien qu'il faut passer par ce mécanisme, cela fait partie du processus qui a pour but l'adoption de l'euro. Nous avons donc recommandé au gouvernement que la couronne tchèque reste dans ce mécanisme pendant un temps minimum, soit deux ans, avant l'entrée dans la zone euro"

La Banque centrale a averti le gouvernement la semaine dernière sur les risques d'une entrée trop rapide dans ce mécanisme ERM2. Selon Pavel Stepanek, ces risques sont inévitables, mais ils doivent être minimiser:

"Il y a toujours des risques à prendre part à un mécanisme de taux de changes. La seule façon de les minimiser est d'avoir un environnement macro-économique et structurel sain, qui rend une économie forte, pour qu'elle soit capable de faire face aux chocs extérieurs. Il faut d'abord renforcer notre économie."

Selon les économistes, l'autre risque important est de faire de la décision de rentrer dans la zone euro une décision plus politique qu'économique. Un moyen pour le gouvernement d'avancer au maximum cette entrée pour l'inscrire à leur actif dans le bilan présenté aux électeurs.