L'histoire des prénoms portés par les Tchèques (3e partie)
Salut à tous les tchécophiles de Radio Prague - Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha ! Lors de notre dernière émission, deuxième partie de notre série consacrée aux origines des prénoms portés par les Tchèques, nous nous étions intéressés aux circonstances d'apparition des noms d'origine chrétienne sur les territoires de Bohême et Moravie. Nous en étions ainsi arrivés au XIVe siècle, une période pendant laquelle la religion et l'Eglise exercent une influence toujours plus forte sur la société en Europe. Dans les pays tchèques, c'est le culte des saints, nouveau phénomène, qui joue un rôle prépondérant dans le port des noms.
Ce culte des saints trouve un écho non seulement auprès des classes privilégiées proches du clergé, mais également auprès du peuple. En choisissant le nom d'un saint, les gens voulaient alors s'assurer, en effet, sa protection. Un phénomène qui contribua sûrement au fait qu'au XIVe siècle, les noms de saints étaient préférés aux noms d'origine païenne et slave. C'est d'ailleurs à cette époque que les saints deviennent les protecteurs des peuples et de certaines catégories de gens. Ainsi, saint Václav - Venceslas en français, celui-là même qui domine du haut de son cheval la célèbre place qui porte son nom dans le centre de Prague, devient le patron du peuple tchèque, tandis que d'autres se retrouvent patrons de certaines professions ou états. Barbora - Barbe, par exemple, est désignée patronne des mineurs, Jiří - Georges, des chevaliers, ou Hubert des chasseurs. Il est également intéressant de noter que c'est à cette période-là qu'apparaissent les premiers calendriers et les fêtes, comme celle de saint Václav le 28 septembre. Un détail, certes, mais qui a son importance.
Il faut ensuite attendre les périodes de l'humanisme et de la renaissance, au XVIe siècle, pour assister à de nouvelles évolutions. De vieux noms comme Vojtěch, nom slave qui signifie « réconfort, renfort de l'armée », ou Jiří redeviennent progressivement à la mode. Sous l'influence de la Réforme apparaissent même sur le territoire tchèque de nouveaux noms, en provenance de l'Ancien Testament comme pour Ámos, d'origine israélite, mais aussi d'origines romaines et grecques comme Veronika - Véronique, Lukrécie - Lucrèce, Helena - Hélène, Maxmilián - Maxime, August, ou Julius - Jules.
C'est également à partir du XVIe siècle qu'apparaissent des prénoms composés, chrétiens eux aussi dans la plupart des cas. Au début, l'usage de ces prénoms, comme Jan Václav par exemple, était toutefois limité à la noblesse avant qu'il ne se répande également parmi le peuple. Ces prénoms étaient même très appréciés puisque en portant plus de noms, un individu possédait plusieurs patrons protecteurs.
Puis la population augmentant, et étant donné le nombre relativement restreint de noms chrétiens, il devint nécessaire de différencier plus en détails les gens. C'est ainsi qu'apparurent progressivement, et ce dès le XIIIe siècle, diverses désignations, appellations, selon l'origine, la profession, la nature, ou encore les caractéristiques physiques ou psychiques des individus. Peu à peu, ces appellations très variées, qui n'avaient rien d'officiel, devinrent héréditaires et on parle alors de noms de famille. Mais il s'agit là d'un sujet que nous avons déjà abordé lors de précédentes émissions.
Le XVIIIe siècle et la période baroque apportent de nouveaux grands changements. L'arrivée de ce qui est appelé la troisième vague des noms chrétiens introduit le culte de la Vierge Marie et de Joseph, entraînant par conséquent la propagation des noms Marie et Josef. Conséquence de la canonisation de nouveaux saints baroques, d'autres noms apparaissent également dans les pays tchèques, comme Terezie - Thérèse, Karel - Charles, František - François, ou Antonín - Antoine. A l'exception de Václav et Jana, les noms anciens sont alors un peu oubliés.
C'est donc vers la moitié du XIXe siècle que s'achève ce « Tchèque du bout de la langue » et la troisième partie de notre série consacrée aux prénoms portés par les Tchèques. Nous reprendrons, bien entendu, notre étude là où nous l'avons laissée dès la semaine prochaine. Dici-là, portez-vous du mieux possible - mějte se co nejlíp !, portez le solil en vous - slunce v duši, salut et à bientôt - zatím ahoj !